Le mercredi 30 avril 2025 à 11:51
Quatre nouveaux suspects, dont trois mineurs, ont été interpellés ce mercredi matin dans l'enquête sur les attaques visant les établissements pénitentiaires entre le 13 et le 21 avril dernier, a annoncé mercredi le parquet national antiterroriste (PNAT), confirmant partiellement une information du Parisien. Le nombre total de personnes interpellées dans ce dossier s’élève désormais à 28.
Le mouvement "DDPF" (Défense des prisonniers français) a revendiqué plusieurs actions violentes commises ces dernières semaines. Le premier acte attribué à ce groupe remonte au 13 avril à Agen (Lot-et-Garonne), où le tag "DDPF" avait été découvert sur les lieux d’un incendie criminel ayant détruit près de sept véhicules stationnés sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP).
Depuis, une série de violences coordonnées a été signalée à travers le pays : incendies de véhicules appartenant à des personnels de l’administration pénitentiaire, tirs de mortiers d’artifice contre des établissements, et même des tirs de Kalachnikov à Toulon (Var). Le 21 avril, deux cocktails Molotov ont été lancés sur un lotissement de Villefontaine (Isère), où résident plusieurs agents pénitentiaires, non loin de la maison d’arrêt de Saint-Quentin-Fallavier.
«Très grande criminalité organisée»
Dans un communiqué commun publié lundi, le PNAT et la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (JUNALCO) ont précisé que les faits sont "susceptibles de s’inscrire" dans la "très grande criminalité organisée". Le parquet a également indiqué que "le caractère coordonné des actions" justifie sa compétence dans cette affaire. Selon le même communiqué, l'enquête porte actuellement sur une quinzaine de faits commis entre le 13 et le 21 avril. D'autres attaques ont visé des établissements pénitentiaires mais "des liens" ne peuvent "nécessairement" être établis "à ce stade" avec l’enquête principale.
Une première vague d’interpellations a eu lieu lundi matin dès 6 heures en région parisienne, à Marseille, Lyon et Bordeaux. Vingt-cinq personnes avaient alors été arrêtées, auxquelles s’est ajoutée mardi une "personne détenue", selon le PNAT. En tout, sept personnes ont été extraites de détention. Le parquet a précisé mercredi que "24 gardes à vue avaient été prolongées mardi soir, tandis que deux avaient été levées".
Les gardes à vue peuvent durer jusqu’à 96 heures. Des perquisitions ont également été menées dans plusieurs des villes concernées.
«Les personnes que nous avons interpellées sont liées au narcotrafic»
Ces éléments surviennent alors que le Parlement a définitivement adopté mardi une proposition de loi destinée à renforcer la lutte contre les narcotrafiquants.
Invité ce mercredi matin surFrance Inter, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a établi un lien direct entre les attaques et cette réforme pénitentiaire : "Les personnes que nous avons interpellées sont liées au narcotrafic, il y a notamment cinq détenus qui communiquaient et organisaient ces vengeances ou cette intimidation de l'État". Il a ajouté : "Ils l'ont fait - et c'est révélateur du fait que ce que nous faisons est très dur et sans doute efficace contre le narcotrafic - parce qu'ils n'ont pas envie d'aller dans le régime carcéral que je crée en ce moment, qui vise à les isoler du reste du monde".