Conducteur tué lors d'un refus d'obtempérer en Charente : le policier mis en examen pour «homicide volontaire»

Un jeune homme de 19 ans est décédé après le tir d'un policier, près d’Angoulême, le 14 juin dernier, lors d'une intervention pour un refus d'obtempérer. Le fonctionnaire a été mis en examen pour "homicide volontaire" et a été laissé libre sous contrôle judiciaire, tandis que les investigations se poursuivent.
Conducteur tué lors d'un refus d'obtempérer en Charente : le policier mis en examen pour «homicide volontaire»
Illustration. (Jose Hernandez/Camera 51/shutterstock)
Par La Rédaction
Le jeudi 29 juin 2023 à 16:24

Un policier a ouvert le feu durant une intervention pour un refus d'obtempérer, à Saint-Yrieix, près d'Angoulême (Charente), le 14 juin dernier, tuant le conducteur de la voiture âgé de 19 ans. Le fonctionnaire a été mis en examen ce mercredi pour "homicide volontaire" a annoncé le parquet dans un communiqué.

Cette "mise en examen a été accompagnée de réquisitions de placement sous contrôle judiciaire avec une interdiction de détention d’arme et une interdiction d’exercice professionnel", a indiqué mercredi soir la procureure de la République d’Angoulême Stéphanie Aouine, ajoutant qu'une information judiciaire pour "homicide volontaire" a été ouverte. Le policier en cause avait été placé en garde à vue ce mercredi matin.

La nuit du drame, il était environ 4 heures à Angoulême lorsqu'une patrouille de police a repéré cet automobiliste, Alhoussein Camara, un Guinéen de 19 ans, qui zigzaguait. L'homme au volant aurait refusé d'obtempérer, prenant la fuite "à allure réduite" avait indiqué le parquet dans un précédent communiqué. Le fuyard s'est alors immobilisé au niveau d'un feu rouge, à l'angle entre la route de Royan et l'échangeur RN10. Un véhicule de police s'est arrêté, tout comme le second qui s'était rapproché.

Les policiers sont descendus pour interpeller le chauffard et l'un des agents a placé un stop-stick devant la voiture (une herse, ndlr). L'homme au volant aurait alors enclenché la marche arrière, repartant en avant, en donnant un coup de volant à gauche et se dirigeant vers l'un des fonctionnaires. "Ce policier, touché aux jambes lors de cette manœuvre, fait usage simultanément de son arme de service à une reprise", précisait alors le parquet. Le chauffard a terminé sa course 150 mètres plus loin - après avoir roulé sur le stop-stick - dans le mur d'une habitation. Les secours n'ont pas réussi à réanimer Alhoussein Camara.

Le parquet a indiqué que le fonctionnaire touché aux jambes souffrait d'une entorse du genou avec une incapacité totale de travail (ITT) estimée à 30 jours. "Âgé de 52 ans, il exerce en brigade de nuit depuis 2006".

Ni drogué, ni alcoolisé

Le parquet a également communiqué les résultats de l'enquête menée par l'inspection générale de la police nationale (IGPN). "Les analyses toxicologiques n’ont révélé aucune trace d’alcool ou de stupéfiants chez le conducteur du véhicule", qui a emprunté "vraisemblablement" le trajet "qui le menait à son travail", a ajouté la procureur d’Angoulême mercredi.

"Le policier mis en cause était bien porteur d'une caméra piéton dont l'exploitation n'a pas été possible faute de charge suffisante pour permettre son activation au moment des faits", poursuit le procureur dans son communiqué de vendredi. Par ailleurs, une enquête a été ouverte pour "refus d'obtempérer" et "violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique".

La légitime défense en question

Selon le parquet, l'enregistrement des appels audio entre les policiers et leur centre opérationnel est en adéquation avec les déclarations faites aux enquêteurs. L'information judiciaire pour "homicide volontaire" doit permettre de mener "des investigations complémentaires, tenant notamment aux conditions de l’usage de l’arme et aux circonstances d’un possible état de légitime défense", détaille la même source.

Alhoussein Camara, arrivé en France en 2018, était passé par un foyer de l'Aide sociale à l'enfance et avait obtenu un CAP de cuisine. Il travaillait dans une base logistique d'Intermarché, où il se rendait le jour du drame, d'après ses proches. Il n'avait jamais eu affaire à la justice auparavant a souligné le parquet.