Le vendredi 19 juillet 2024 à 00:27
Sept membres d'une même famille, dont trois enfants et un adolescent, sont morts dans un incendie dans le quartier des Moulins à Nice (Alpes-Maritimes), durant la nuit de mercredi à jeudi. "Les premiers résultats des investigations conduites sous la direction du parquet de Nice confortaient totalement la piste criminelle envisagée rapidement après les faits", indique le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, dans un communiqué ce jeudi après-midi. Trois suspects, filmés par les vidéoprotections, sont activement recherchés dans cette enquête.
Les sapeurs-pompiers ont été "avisés d’un incendie en cours au 38 rue de la Santoline à Nice" à 02h38. Arrivés sur place deux minutes plus tard, "ils devaient faire face à un incendie extrêmement violent au 7ème étage de l’immeuble. Ils parvenaient à évacuer par l’extérieur deux personnes âgées de 19 et 17 ans présentes dans l’appartement. Deux personnes ayant sauté par la fenêtre pour fuir l’incendie étaient prises en charge. Une personne âgée de 45 ans décédait des suites de ses blessures tandis que la seconde âgée de 23 ans était prise en charge en urgence absolue par les secours".
Le procureur explique que six autres personnes ont été retrouvées mortes dans l'appartement touché par les flammes : "deux femmes âgées de 46 et 22 ans et quatre mineurs âgés de 17 ans, 10 ans, 7 ans et 5 ans". Ces derniers se sont retrouvés "piégés par les flammes" dans l'habitation. "Plusieurs autres personnes présentes dans l’immeuble étaient évacuées par les pompiers et prises en charge par les services de secours", souligne le magistrat.
"À la lumière des premiers éléments, une enquête du chef de destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort, crime puni de la réclusion criminelle à perpétuité, était ouverte", poursuit Damien Martinelli. "S’agissant des causes de l’incendie, il apparaissait sous réserve des conclusions définitives que trois départs de feu étaient intervenus aux 1er, 2ème et 3ème étage, cette pluralité de mises à feu ayant contribué à la propagation très rapide des flammes".
«Trois jeunes hommes aux visages non dissimulés»
Les enquêteurs ont procédé à de longues constatations sur le lieu des faits et ont exploité les images de vidéoprotection. "Il était en effet mis en évidence qu’une voiture de couleur sombre de type citadine se stationnait entre 02h12 et 02h17 à l’angle de la rue de la Santoline et de l’avenue Giroud à proximité du lieu des faits", peut-on lire. "Après avoir quitté les lieux, ce même véhicule était revu sur place à 02h24. De celui-ci, il apparaissait que sortaient trois jeunes hommes aux visages non dissimulés, vêtus simplement de tee-shirts et de shorts. Les images ne permettaient pas de mettre en évidence le port d’objets volumineux. À l’aide d’un élément récupéré sur place, ils parvenaient rapidement à casser la porte d’entrée de l’immeuble et à y pénétrer. Ils en ressortaient très peu de temps après et prenaient la fuite. Le feu se déclarait juste après". Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Gabriel Attal, ainsi que l'adjoint au maire de Nice, Anthony Borré, avaient indiqué que trois suspects étaient en fuite.
Le procureur précise également que "dans le cadre d’une très forte mobilisation de l’ensemble des services" de police, "plusieurs relevés en vue d’identification d’ADN et des relevés de traces papillaires ont été réalisés pour des analyses en extrême urgence par le laboratoire de police scientifique de Marseille".
"Au regard des éléments réunis, le cadre de l’enquête de flagrance était enrichi pour retenir désormais des faits de destruction volontaire par incendie en bande organisée et ayant entraîné la mort et d’association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de destruction volontaire par incendie en bande organisée", détaille également le magistrat, ajoutant que les investigations ont été confiées conjointement à la Direction zonale de la police nationale (DZPN), la Direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) ainsi que la Direction interdépartementale de la police nationale des Alpes-Maritimes (DIPN 06). Des autopsies vont être pratiquées.
Une piste liée au trafic de drogue explorée
"S’il convient à ce stade de faire preuve d’une particulière prudence sur le mobile du passage à l’acte criminel, la piste de faits intervenant dans le cadre d’un conflit sur fond de trafic de stupéfiants, sans lien avec les victimes et leur famille, est explorée", conclut le procureur de la République.