Le mercredi 30 mars 2022 à 10:22
Déjà condamné par le passé pour des faits à caractère sexuel, l'ex-secrétaire d’État Jean-Vincent Placé a été mis en examen mardi à Paris pour "agressions sexuelles", une affaire déclenchée en novembre par le dépôt de plainte d'une ex-collaboratrice.
L'AFP et Mediapart avaient révélé qu'Audrey*, une ex-collaboratrice qui l'avait suivi du Sénat au secrétariat d’État à la Réforme et à la Simplification, avait porté plainte contre lui, accusant l'ex-élu écologiste de 54 ans de faits de harcèlement sexuel entre 2012 et 2016. Certains des faits qu'elle dénonçait s'apparentaient également à des agressions sexuelles : la collaboratrice l'accusait notamment de lui avoir "touché les fesses", en août 2015 à Lille, dans une discothèque en marge du rassemblement estival d'Europe Écologie les Verts (EELV).
La seconde agression dénoncée se serait produite mi-mai 2016 à Séoul, lors d'un déplacement officiel de Jean-Vincent Placé: dans une voiture, l'ex-secrétaire d’État de François Hollande aurait "touché délibérément la poitrine d'Audrey". Suite à cette plainte, le parquet avait rapidement ouvert une enquête préliminaire. Au cours des derniers mois, la plaignante, ainsi que d'anciens collaborateurs et collaboratrices d'élus écologistes, avaient été entendus par des enquêteurs, selon des sources proches du dossier.
L'ex-membre du gouvernement a été placé en garde à vue lundi matin à la Brigade répression de la délinquance aux personnes (BRDP), et notamment confronté à la plaignante, selon des sources proches. Il a été présenté dans mardi après-midi à un juge d'instruction après l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet de Paris.
Le magistrat instructeur l'a mis en examen, selon une source judiciaire, "des chefs d'agression sexuelle par personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction, agression sexuelle, et harcèlement sexuel par une personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction".
Jean-Vincent Placé a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'entrer en contact avec les plaignantes et cautionnement de 20 000 euros, selon une source proche du dossier. Selon cette même source, la mise en examen concerne des faits dénoncés par deux plaignantes, parmi lesquelles Audrey*. Les faits concernant une troisième plaignante seraient eux prescrits, selon la même source proche.
Autres accusations
En novembre, trois autres ex-collaboratrices d'élus avaient raconté à l'AFP avoir également subi des gestes déplacés de l'ex-secrétaire d’État: la première "à l'arrière d'un taxi en 2011" ; la seconde "dans un restaurant en 2015" et au secrétariat d’État un an plus tard ; la troisième dans la même discothèque de Lille qu'Audrey, en août 2015. Contacté à l'époque de l'ouverture de l'enquête, Jean-Vincent Placé n'avait pas commenté. "Je répondrai, bien entendu, à toutes les questions qui viendraient à m'être posées par les enquêteurs", avait-il dit.
Sollicité mardi soir, il n'a pas répondu, pas plus que son avocate, Me Lisa Janaszewicz, qui avait indiqué dans la journée à l'AFP qu'elle n'avait "pas de déclaration à faire". Me Tewfik Bouzenoune, avocat d'Audrey, a lui estimé que cette mise en examen signifiait le "bien fondé de la plainte et de la démarche de (sa) cliente". Cette dernière "reste déterminée à faire en sorte que la vérité se manifeste. Elle aborde cette nouvelle phase avec sérénité et confiance dans la justice", a ajouté ce conseil, soulignant que "la mise en examen va permettre d'approfondir les investigations déjà menées (...) dans des délais finalement assez rapides".
Cette mise en examen n'est pas la première occasion pour l'ex-politicien déchu d'affronter la justice. En mars 2021, Jean-Vincent Placé avait été condamné à une amende pour harcèlement sexuel sur une gendarme chargée de sa sécurité. En septembre 2018, il avait été condamné à trois mois de prison avec sursis et 1000 euros d'amende pour violences et outrages lors d'une soirée où il avait reconnu avoir été "extrêmement insistant" et "déplacé" avec une cliente.
A l'AFP, en novembre, au moins quatre femmes avaient attesté du "comportement déplacé" ou du "climat d'ambiguïté" entretenu au travail par l'ex-sénateur.
* Le prénom a été modifié.