Le mardi 24 mai 2022 à 19:58
L'ex-animateur de télévision et ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a été entendu mardi, en audition libre, par les enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs (BPM) à Paris, sur des soupçons de viol et d'agressions sexuelles.
Cette audition de Nicolas Hulot intervient au moment où le nouveau gouvernement est confronté à des accusations d'agressions sexuelles contre le ministre des Solidarités nouvellement nommé Damien Abad. Accusations que ce dernier conteste "avec la plus grande fermeté".
M. Hulot est arrivé à la BPM peu avant 14h00 à bord d'un taxi aux vitres teintées, ont constaté des journalistes de l'AFP. L'audition s'est achevée dans l'après-midi, selon deux sources proches du dossier. L'une d'elles a précisé qu'elle avait pris fin vers 16H45. Le parquet de Paris, sollicité par l'AFP, a confirmé en début de soirée que l'audition était terminée. L'avocate n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
L'ancien animateur de la célèbre émission télévisée sur l'environnement "Ushuaïa" était "auditionné librement ce jour", selon le parquet. Ce dernier a ouvert une enquête préliminaire pour viol et agressions sexuelles le 26 novembre 2021 en s'appuyant sur le témoignage d'une femme qui dénonçait des faits quand elle était mineure dans un reportage d'Envoyé spécial diffusé sur France 2. Depuis quelques années, le parquet ouvre systématiquement une enquête dès qu'une victime mineure est évoquée, même en l'absence de plainte, afin notamment de vérifier s'il n'en existe pas d'autres.
Dans ce documentaire, six femmes accusaient M. Hulot de violences sexuelles qui auraient eu lieu entre 1989 et 2001. Trois d'entre elles témoignaient de faits allant de baisers par surprise à une tentative de fellation forcée qui aurait été imposée à l'une d'entre elles, mineure à l'époque. Une quatrième, la militante écologiste Claire Nouvian, racontait avoir été mise en garde par l'entourage "politique" de Nicolas Hulot avant un tournage en 2008, afin qu'elle évite de se retrouver seule avec lui. Deux autres femmes, l'ancienne animatrice Maureen Dor et une ex-employée de TF1, avaient transmis à "Envoyé Spécial" des témoignages par écrit concernant des agressions sexuelles.
Dans cette affaire, au moins une plainte a été déposée par la femme qui était mineure au moment des faits qu'elle dénonce. Elle a été entendue par les policiers "peu après l'ouverture de l'enquête préliminaire", selon une source proche du dossier. Cette femme, prénommée Sylvia, racontait à "Envoyé spécial", à visage découvert, avoir été agressée sexuellement en 1989, à l'âge de 16 ans, par Nicolas Hulot, dans la voiture de ce dernier, après avoir été invitée à assister à une émission qu'il animait alors à Paris.
Une ex-militante d'EELV, Pauline Lavaud, avait ensuite relaté sur BFMTV avoir été écartée de la campagne de Nicolas Hulot pour la primaire interne du parti en 2011 parce qu'elle "l'excitait trop".
«Affirmations mensongères»
Les investigations doivent "déterminer si les faits dénoncés peuvent caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l'action publique est acquise", avait précisé la procureure Laure Beccuau lors de l'ouverture de l'enquête.
Devançant la diffusion du reportage d'Envoyé spécial, l'ancien ministre de l’Écologie (2017-2018) avait réfuté les accusations la veille, le 24 novembre 2021, sur BFMTV. "Ni de près ni de loin je n'ai commis ces actes, ces affirmations sont mensongères", avait-il assuré. "Je n'ai jamais contraint qui que ce soit", avait-il ajouté. Il avait annoncé quitter "définitivement" la vie publique pour protéger ses proches et sa Fondation des retombées d'un "lynchage".
Ces révélations avaient créé une onde de choc au sein des écologistes. Mathieu Orphelin, alors porte-parole du candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, avait été mis en retrait en raison de sa proximité avec Nicolas Hulot. L'ancien animateur avait déjà été visé par des accusations d'agressions sexuelles en 2018, lorsqu'il était encore au gouvernement. L'hebdomadaire Ebdo avait révélé que l'ex-animateur avait fait l'objet en 2008 d'une plainte pour un viol commis en 1997, classée sans suite pour cause de prescription. La plaignante s'était avérée être Pascale Mitterrand, petite-fille de François Mitterrand.
Nicolas Hulot avait rejeté ces accusations, soutenu par plusieurs membres du gouvernement. Le ministre de la Transition écologique avait démissionné fin août 2018 en invoquant une tout autre raison : le manque d'avancées sur l'environnement.