Suicide d'une détenue à Fresnes : un gradé de la prison mis en examen

La détenue de 22 ans avait été incarcérée après avoir coupé son bracelet électronique et pour conduite sans permis.
Suicide d'une détenue à Fresnes : un gradé de la prison mis en examen
La maison d'arrêt de Fresnes, le 17 octobre 2018 à Fresnes dans le Val-de-Marne. (AFP/Archives)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 17 mars 2022 à 16:59

Un chef de détention de la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) a été mis en examen pour non-assistance à personne en danger après le suicide d'une détenue de 22 ans en octobre 2020, a-t-on appris jeudi auprès du parquet de Créteil. Après avoir été placé en garde à vue mercredi, cet agent pénitentiaire, qui avait pris en main la situation le soir du suicide, a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé une source proche du dossier.

Il n'a plus le droit de quitter la France métropolitaine et a l'obligation de répondre aux convocations des enquêteurs, a-t-elle ajouté. Il peut toutefois continuer d'exercer. Actuellement chef de détention au sein de la première division à Fresnes, il était chef de détention à la maison d'arrêt pour femmes à l'époque des faits.

L'ancienne avocate de la détenue, Me Lina Belkora, lui reproche notamment un comportement "sans humanité". Elle avait dénoncé en juin "plusieurs dysfonctionnements dans la détention" qui "ont mené à la rupture". Initialement ouverte pour "recherches des causes de la mort", l'information judiciaire a été élargie en juin à "non-assistance à personne en péril".

La jeune détenue, prénommée Karima, avait été incarcérée à la maison d'arrêt des femmes de Fresnes en mars 2020 pour "évasion", après avoir coupé son bracelet électronique et pour conduite sans permis. Elle avait déjà été condamnée pour conduite sans permis d'un scooter, outrage à agents lors de contrôles et pour trafic de stupéfiants.

La défunte se trouvait au quartier disciplinaire

Le 29 octobre 2020, elle s'est pendue dans sa cellule du quartier disciplinaire de Fresnes, après avoir écopé le jour même d'une sanction de 30 jours dans ce quartier pour avoir donné un coup de pied au chef de détention. "La famille de Karima prend acte de cette avancée de l'enquête et espère que toute la lumière pourra être faite sur la responsabilité en cause dans le décès de Karima", a réagi Me Jean Deconinck, l'avocat des proches de la détenue. Pour eux, apprendre que le fonctionnaire mis en cause "est en passe d'être nommé directeur d'une prison est extrêmement choquant", a-t-il ajouté.

D'ici le mois d'avril, ce gradé prendra la direction de la prison de Sarreguemines en Moselle, selon une source pénitentiaire. "Cette mise en examen valide les dires et accrédite la version de ma cliente", a réagi de son côté Me Belkora, ajoutant que cela relance également la question de la mauvaise prise en charge des troubles psychologiques en détention. "On ne devrait pas pouvoir transférer des détenus considérés comme suicidaires dans un quartier disciplinaire", a-t-elle poursuivi.

Contacté par l'AFP, le directeur de la maison d'arrêt de Fresnes, Jimmy Delliste, n'a pas souhaité commenter l'instruction en cours.