Le vendredi 2 décembre 2022 à 12:29
Un réseau transatlantique de proxénétisme, qui exploitait au moins une cinquantaine de femmes en France et aurait empoché jusqu'à 30 millions d'euros par an, a été démantelé mardi dans l'Hexagone mais aussi en Espagne et en Colombie, a-t-on appris vendredi de source policière française.
Un couple, à la tête du réseau, a été incarcéré en Colombie, quatre hommes et deux femmes ont été arrêtés en Espagne et seront bientôt remis à la France, et deux hommes et deux femmes doivent être présentés à la justice française vendredi, a-t-on précisé de même source, confirmant des informations du Parisien et de France Inter.
L'enquête, confiée depuis septembre 2021 à la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO), a été ouverte pour proxénétisme, traite des êtres humains aggravé, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
«Elles étaient exploitées de manière absolument industrielle dans toute la France»
Les victimes âgées de 20 à 40 ans étaient "principalement des Colombiennes et des Vénézuéliennes, mais aussi du Pérou et du Paraguay", explique à l'AFP la commissaire Elvire Arrighi, cheffe de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Ocrteh), qui a piloté le dossier. "Elles étaient exploitées de manière absolument industrielle dans toute la France", jusqu'à une dizaine de passes par jour, a-t-elle ajouté.
Le réseau était géré depuis la Colombie par un couple formé d'une Vénézuélienne et d'un Colombien qui faisaient miroiter aux victimes recrutées un avenir meilleur en Europe et récoltaient les gains.
Des «petites mains» s'occupaient de la logistique
Deux "centres d'appels" en Espagne, à Malaga et Madrid, et un autre en France, étaient chargés de mettre en relation les clients français et les victimes. Celles-ci "n'avaient aucun maîtrise de leur emploi du temps et devaient rendre compte par message après chaque prestation", souligne Mme Arrighi. En bout de chaîne, des "petites mains" s'occupaient de la logistique (repas, transports, sécurité, etc...) "au plus près des victimes", pour qu'elles "se dédient entièrement aux passes", ajoute la commissaire.
Au total, le réseau aurait empoché au moins cinq millions d'euros par an, mais c'est "une fourchette basse" selon la cheffe de l'Ocrteh dont les enquêteurs pensent qu'elle peut atteindre "20 à 30 millions d'euros".
La commissaire souligne "la coopération internationale inédite" entre la France, la Colombie et l'Espagne, qui montre que "face à une criminalité organisée sans frontières, les forces de police peuvent s'allier y compris au-delà des océans".