Val-d'Oise : Deux gendarmes adjoints et deux policiers municipaux poursuivis pour corruption

Quatre jeunes agents des forces de l'ordre sont soupçonnés d'avoir utilisé illégalement les fichiers judiciaires pour le compte d'un réseau criminel implanté dans le Sud-Ouest. L'enquête, menée durant plusieurs mois, a révélé des milliers d'opérations frauduleuses et d'importantes sommes d'argent en circulation.
Val-d'Oise : Deux gendarmes adjoints et deux policiers municipaux poursuivis pour corruption
Illustration. (M G White / Shutterstock)
Par Actu17
Le samedi 13 décembre 2025 à 21:44

Deux gendarmes adjoints volontaires et deux policiers municipaux sont soupçonnés d'avoir participé à un vaste mécanisme de corruption lié à la criminalité organisée dans le Val-d'Oise, impliquant plusieurs milliers de consultations frauduleuses de fichiers judiciaires et administratifs.

L'enquête a débuté après la découverte, en juillet dernier, de certaines anomalies relevées par la brigade motorisée de la gendarmerie d'Orléans lors du contrôle et de l'immobilisation d'un véhicule. À la suite de ces constatations, le procureur de Pontoise, Guirec Le Bras, a ouvert le 1er août "une enquête préliminaire sur des faits de corruption active et passive en bande organisée, violation du secret professionnel et détournement de la finalité d'un traitement des données à caractère personnel". Les investigations ont été confiées à l'Unité nationale cyber (UNC), chargée de passer au crible les activités numériques des suspects.

«Près de 6 500 opérations de nature frauduleuse»

Les agents mis en cause sont âgés de 20 à 27 ans. Les deux gendarmes adjoints volontaires étaient affectés à Domont et Pontoise, tandis que les deux policiers municipaux avaient été recrutés récemment, après avoir servi comme gendarmes adjoints volontaires dans la première unité. Deux hommes extérieurs aux forces de l'ordre, présentés par le procureur comme "des gérants de sociétés de location de véhicules", sont soupçonnés d'avoir joué le rôle de corrupteurs.

Selon le parquet, les investigations ont mis en évidence "près de 6 500 opérations de nature frauduleuse en lien avec l'utilisation des fichiers judiciaires et administratifs", certaines portant sur des véhicules immatriculés au nom de garages fictifs. Les suspects "intervenaient contre rémunération, à la demande d'individus impliqués dans des activités criminelles et implantés dans le Sud-Ouest", pour un total évalué à "au moins 160 000 euros de flux financiers".

30 000 euros en numéraire saisis

Les interpellations ont été menées le 10 décembre lors d'une opération judiciaire mobilisant pendant deux jours 120 enquêteurs, deux hélicoptères et plusieurs équipes cynophiles. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont saisi 30 000 euros en espèces, une Audi et une Mercedes, une moto, ainsi que de nombreux équipements informatiques ou électroniques estimés à environ 90 000 euros. Les forces de l'ordre ont également découvert un pistolet-mitrailleur, trois armes de poing, dont un pistolet automatique de la police nationale et un Glock dérobés lors de cambriolages, ainsi qu'un revolver 357 Magnum retrouvé chez l'un des suspects de corruption active.

Sur le plan judiciaire, un policier municipal a déjà été jugé en reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) et condamné à six mois de prison avec sursis. L'autre policier municipal et les deux corrupteurs présumés ont été placés en détention provisoire, tandis que les deux gendarmes sont soumis à un contrôle judiciaire. L'ensemble des mis en cause doit être jugé lors de l'audience prévue le 30 janvier.