Le mardi 24 novembre 2020 à 12:27 - MAJ mardi 24 novembre 2020 à 15:44
"Le rapport du Préfet de police sur l’évacuation du campement illicite place de la République m’a été remis ce matin", annonce Gérald Darmanin sur Twitter à la mi-journée ce mardi. "Celui-ci m’a proposé la saisine de l’IGPN sur plusieurs faits inacceptables. J’ai demandé à l’IGPN de remettre ses conclusions sous 48h et les rendrai publiques", précise-t-il.
Le rapport du Préfet de police sur l’évacuation du campement illicite place de la République m’a été remis ce matin.
Celui-ci m’a proposé la saisine de l’IGPN sur plusieurs faits inacceptables. J’ai demandé à l’IGPN de remettre ses conclusions sous 48h et les rendrai publiques.— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 24, 2020
L'ensemble de la classe politique s'est indignée ce mardi matin après des images montrant l'évacuation de plusieurs centaines de migrants, qui avaient installé leurs tentes sur la place de la République vers 19 heures ce lundi soir. Ces derniers étaient encadrés par des associations, notamment Utopia 56. Des élus de la France insoumise (LFI), ainsi que Ian Brossat ou Audrey Pulvar de la mairie de Paris, étaient présents au moment de l'évacuation de la place de la République.
Des policiers des BAC N pour mener l'évacuation
Un dispositif de police avait été mis en place afin d'évacuer les migrants de la place de la République. "La constitution de tels campements, organisée par certaines associations, n’est pas acceptable. La préfecture de Police a donc procédé immédiatement à la dispersion de cette occupation illicite de l’espace public", a expliqué la préfecture de police de Paris dans la soirée, dans un communiqué.
Un escadron de gendarmes mobiles a été déployé sur place, tout comme des policiers de la Sous-direction des services spécialisés (SDSS) appartenant à la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), ceux des BAC 75N, 93N et 94N, les brigades anticriminalité de nuit. Ces derniers ne sont pas des spécialistes du maintien de l'ordre, à l'inverse des CRS ou des compagnies d'intervention (CI) de la préfecture de police. "Le dispositif n'était pas prévu et a été mis en place dans l'urgence, le premier commissaire à le prendre en charge était celui d'une BAC N, qui a donc choisi de faire appel aux effectifs de la SDSS en premier lieu", nous explique une source policière.
"Les CI sont arrivés par la suite et ont été implantées dans d'autres lieux, notamment à l'Hôtel de ville et à Bastille", confie cette même source. Des policiers de BAC locales ont également participé à cette évacuation, alors qu'ils étaient en civil. Des choix et une stratégie qui posent question ce mardi, jusque dans les rangs policiers, d'autant que les gendarmes mobiles, spécialisés dans ce type d'opération, étaient équipés en tenue de maintien de l'ordre, ce qui n'était pas le cas des policiers des différentes BAC.
Des images "choquantes"
Plusieurs vidéos sont à l'origine d'une vive polémique dans le pays. Gérald Darmanin a évoqué dans la nuit des images "choquantes". Les forces de l'ordre ont été confrontées à une forte opposition dès le début de l'évacuation et ont fait usage de la force. Après la dispersion, des groupes de migrants ont été accompagnés en dehors de Paris et des policiers sont accusés d'avoir fait usage d'une force illégitime, notamment sur le membre d'une association qui a fait l'objet d'un croche-pied et qui a chuté au sol, ou encore sur le journaliste de Brut Remy Buisine, mis au sol et molesté pour des raisons obscures et difficilement explicables. Plusieurs vidéos montrant ces scènes ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
Au total, trois personnes ont été interpellées au cours de cette opération : deux pour des faits de violences et insultes, le troisième pour des violences sur un membre des forces de l'ordre avec une arme par destination. Deux blessés légers, dont un migrant, ont été pris en charge par les sapeurs-pompiers.
Les syndicats de police ont également réagi à cette polémique. "Certaines personnes en situation illégale sur le territoire soutenues par des agitateurs qui ont pour seul et unique but : provoquer le chaos", s'exclame Alliance Police Nationale dans un communiqué. "Évacuer une manifestation interdite de 500 personnes pendant une crise sanitaire et instrumentalisée par des agitateurs rend complexes nos interventions de police", affirme l'organisation.
"Les policiers ont été débordés, ça fait de belles images de propagande pour l’extrême-gauche. Quant aux pauvres migrants, utilisés puis abandonnés une fois les caméras parties, on les retrouvera autant esseulés à la prochaine distribution alimentaire", déplore de son côté Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, sur Twitter. "Si des gestes inadaptés ont été commis, ils seront sanctionnés judiciairement et administrativement. Cela n’exonère en rien les auteurs des violences commises contre les policiers durant cette évacuation", souligne de son côté Synergie-Officiers.