Le jeudi 30 juillet 2020 à 21:23
L’essayiste et polémiste d’extrême droite Alain Soral a été mis en examen ce jeudi, rapporte Le Parisien. Cette décision est intervenue au terme de 48 heures de garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) de la police judiciaire de Paris.
Alain Soral avait été interpellé en pleine rue mardi après-midi à Paris. Ses proches avaient publié un communiqué dans lequel ils indiquaient ne pas avoir de nouvelles de lui et avoir constaté que son domicile avait été perquisitionné.
Âgé de 61 ans, l'homme fait l'objet de poursuites dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour « provocation publique, non suivie d’effet, à la commission d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », mais aussi pour « injure publique à raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
La justice le poursuit également pour « provocation publique à la haine ou à la violence, à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Tous ces délits sont prévus par la loi sur la presse de 1881.
Son placement en détention provisoire a été requis
Les propos qu'il a tenus sur son site internet Égalité & Réconciliation sont visés par cette enquête, a indiqué le parquet de Paris. Selon des sources proches du dossier citées par le quotidien francilien, il s'agit en particulier des écrits et propos d'Alain Soral publiés ou tenus en mars 2020 sur sa chaîne vidéo YouTube, en avril 2020 sur le réseau social russe Vkontakte (VK), et en mai 2020 sur son site Égalité & Réconciliation.
Le parquet avait requis son placement en détention provisoire, une mesure des plus rares pour des délits de presse. Le polémiste a finalement été libéré sous contrôle judiciaire, ce jeudi soir, en l'attente de sa comparution devant le tribunal.
L'attention des enquêteurs s'est notamment portée sur une vidéo, publiée sur internet, appelant les citoyens « à s'armer » en vue d'une révolution. Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur, avait dénoncé cette déclaration au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale (CPP).
Des condamnations judiciaires et ses chaînes Youtube fermées
Alain Soral avait écopé d’un an de prison ferme en janvier 2019. Il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Bobigny pour « injure raciale, provocation et incitation à la haine raciale » à la suite de propos tenus contre une procureure de la République sur son site Égalité & Réconciliation.
Quelques mois plus tard, il avait fait l’objet d’un nouveau jugement le condamnant à un an de prison ferme, assorti d’un mandat d’arrêt, pour contestation de l’existence de la Shoah. Enfin, en décembre 2018, Alain Soral avait été condamné pour diffamation.
Par ailleurs, au mois de juin dernier, les deux chaînes YouTube de l’essayiste d’extrême droite ont été supprimées par la plateforme de vidéos en ligne appartenant à Google. L’entreprise américaine a indiqué avoir durci son règlement vis-à-vis des discours de haine, entraînant ces fermetures.