Après l'incendie de son domicile, le maire de Saint-Brévin démissionne

Le maire de Saint-Brévin-les-Pins, Yannick Morez, a démissionné après avoir subi des menaces et l'incendie de son domicile en mars dernier, liés au projet controversé de Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA). La gauche s'indigne de l'inaction de l'État, tandis que la Première ministre Élisabeth Borne et le président Emmanuel Macron expriment leur solidarité envers l'élu.
Après l'incendie de son domicile, le maire de Saint-Brévin démissionne
Yannick Morez le 22 mars dernier après l'incendie de ses voitures, sa maison a également été touchée par les flammes. (Florence Lambert / Maxppp)
Par Actu17
Le jeudi 11 mai 2023 à 18:09

Le maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, a annoncé sa démission ce mardi 9 mai, un mois et demi après que son domicile a été la cible d'un incendie criminel. Les tensions à l'origine de cet événement sont liées au projet controversé de Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) dans la commune, qui a provoqué des manifestations organisées notamment le parti Reconquête! d'Eric Zemmour. La démission de Morez a suscité de nombreuses réactions de la part de la gauche et des déclarations de soutien de la part de la Première ministre, Élisabeth Borne, et du président de la République, Emmanuel Macron.

Yannick Morez, maire de Saint-Brévin-les-Pins depuis 2017 et élu au sein du conseil municipal depuis 2008, a remis sa lettre de démission au préfet de Loire-Atlantique. Dans une interview accordée à Ouest-France, Yannick Morez a expliqué que cette décision difficile avait été prise en famille, suite à l'incendie criminel qui a visé son domicile le 22 mars. "Ni ma femme, ni mes trois enfants ne souhaitent que je continue après ce qu'il s'est passé. Lors de l'incendie, on a manqué de mourir. C'était un vrai coup sur la tête", a-t-il déclaré. Il a également annoncé qu'il quitterait la ville où il vit depuis trente-deux ans et mettrait fin à son activité de médecin généraliste le 30 juin prochain.

«L'inaction de l'État»

La gauche s'est insurgée contre l'inaction de l'État face à cette situation. Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), a dénoncé sur Twitter "l'inaction de l'État" et a demandé : "Qu'attend-il pour agir ?". Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a également critiqué l'État pour ne pas avoir soutenu Morez, tout comme Marine Tondelier, responsable d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), qui a estimé que "la République recule".

La Première ministre, Élisabeth Borne, a réagi en qualifiant l'incendie du domicile de Morez de "très choquant" et en annonçant qu'elle proposerait au maire démissionnaire de le recevoir la semaine prochaine. Borne a également exprimé sa volonté de "mieux protéger les maires" et de "renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour pouvoir soutenir les maires pour repérer leurs difficultés et mieux les accompagner". De son côté, le président Emmanuel Macron a exprimé sa "solidarité" avec Yannick Morez, condamnant les attaques "indignes" dont il a été victime.

Un soutien «permanent» de l'État selon la préfecture

Le préfet de Loire-Atlantique a défendu l'action de l'État, affirmant que des mesures de protection avaient été mises en place, notamment des patrouilles régulières de la gendarmerie nationale. Il a également précisé que l'instruction de la demande de démission de Yannick Morez était en cours. Selon le préfet, "le soutien de l'État" a été "permanent, tout au long du processus de construction de ce projet de CADA à Saint-Brevin".

Le projet de CADA à Saint-Brévin-les-Pins, qui prévoit le déplacement du centre près d'une école élémentaire, a suscité de vives tensions depuis plusieurs mois. Le centre avait ouvert en 2016 après le démantèlement de la "jungle" de Calais. Les manifestations contre ce projet ont été organisées à l'appel, en particulier de Reconquête!, le parti d'Eric Zemmour.

Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, a apporté son "soutien" au maire démissionnaire sur France Inter, l'assurant de la "solidarité absolument indéfectible" de l'État. Elle a ajouté que "la meilleure des réponses à ce drame, c'est que ce projet [de centre d'accueil] puisse exister".