Attaque à la gendarmerie de Dieuze : l'assaillant affirme qu'il voulait se suicider

Après les premières investigations et auditions de l'agresseur, Mathias R. âgé de 18 ans, la piste d'un acte terroriste a été écartée. Le jeune homme affirme qu'il avait provoqué un "suicide by cop" : attaquer les gendarmes dans le but de mourir lors de leur riposte.
Attaque à la gendarmerie de Dieuze : l'assaillant affirme qu'il voulait se suicider
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le mardi 4 février 2020 à 23:52

Mathias R. a pénétré dans la caserne de gendarmerie de Dieuze (Moselle) avec un couteau à la main ce lundi peu après 15 heures. Il a d'abord menacé de mort une gendarme qui a mis à l'abri une femme de ménage avant de donner l'alerte. L'agresseur de 18 ans a ensuite attaqué un gendarme.

Ce dernier a d'abord essayé de se défendre avec son bâton de défense puis a fait feu à deux reprises sur l'assaillant, le touchant au niveau de l'abdomen. Mathias R. a été conduit à l'hôpital où il a été opéré dans la soirée. Il est désormais hors de danger et a pu être interrogé par les enquêteurs, à l'hôpital.

Aucun signe de radicalisation ou de lien avec l'islam radicale découverts

Une quinzaine de minutes avant son passage à l'acte, le mis en cause a appelé au centre opérationnel de la gendarmerie déclarant qu'il était militaire, "qu’il allait y avoir un carnage à Dieuze et qu’il se revendiquait de l’État islamique", comme l'a mentionné le procureur de la République dans une conférence de presse ce lundi soir. Un mode opératoire qui n'est pas habituel chez les terroristes islamistes mais qui a mis les gendarmes en alerte, juste avant l'attaque.

Le profil de ce jeune homme originaire de Thiers (Puy-de-Dôme) et né le 24 mai 2001 a été rapidement étudié par les enquêteurs de la section de recherches et de la police judiciaire de Metz en charge des investigations. Ces derniers n'ont pas découvert le moindre signe de radicalisation ni de lien avec l'islam radicale.

La piste d'une tentative de suicide

Face aux enquêteurs, Mathias R. a déclaré qu'il avait voulu mettre fin à ses jours par l'intermédiaire d'un "suicide by cop". "Il reconnaît les faits en les minimisant, son intention était de mourir sous le feu de la gendarmerie, il souhaitait en finir avec la vie", a indiqué ce mardi soir le procureur de la République, Christian Mercuri.

Ce jeune militaire qui était logé à quelques centaines de mètres de la gendarmerie, au sein du centre de formation initiale des militaires du rang de Dieuze, a obtenu un CAP d’agent de sécurité délivré à l’été 2019, puis a signé un contrat avec l’armée le 2 décembre 2019 relate Le Figaro. Après son stage, il était censé rejoindre le 40e régiment de transmission à Thionville (Moselle).

Le jeune majeur n'aurait en fait jamais trouvé sa place dans l’armée. "Il explique qu'il ne supportait pas la vie militaire", a précisé le magistrat.

Les perquisitions n'ont rien donné

Par ailleurs, les perquisitions menées dans sa chambre à Dieuze ainsi que chez ses parents en Auvergne n'ont pas entraîné la découverte d'éléments montrant une quelconque adhésion à l'islamisme.

Même constat sur ses réseaux sociaux où, sur Facebook, il montre son intérêt pour le GIGN, le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, posant dans les montagnes. L'exploitation de son téléphone portable n'a pas non plus montré des signes de radicalisation. « Sur le plan religieux, il se dit "athée" », a aussi expliqué le procureur.

"Cette affaire reste sous le régime du droit commun"

Mathias R. risque la réclusion criminelle à perpétuité. "Le Parquet national antiterroriste ne se saisit pas (de l'enquête), cette affaire reste sous le régime du droit commun, c'est une tentative d'homicide volontaire sur une personne dépositaire de l'autorité publique", a indiqué le procureur de la République à Metz.

La garde à vue du mis en cause peut s'étendre jusqu'à 48 heures. "Une information judiciaire sera ouverte mercredi et l'homme sera déféré en vue de sa mise en examen", a précisé Christian Mercuri. Le mis en cause était jusqu'ici inconnu des services de police et de gendarmerie, il n'était pas non plus fiché S ni connu des services de renseignement.