Le lundi 14 janvier 2019 à 21:03 - MAJ lundi 14 janvier 2019 à 21:13
Cherif Chekatt n'a pas agi sur un coup de tête ce mardi 11 décembre 2018 lorsqu'il a ouvert le feu sur plusieurs personnes, à proximité du marché de Noël. Cinq personnes ont été tuées, onze autres blessées.
Après plusieurs semaines d'enquête, les policiers ont désormais des éléments concrets, montrant que le terroriste avait préparé son projet durant des mois. Les enquêteurs ont interrogé des ex-codétenus de Cherif Chekatt, à qui il avait confié en 2015 vouloir "commettre un braquage avant de partir en Syrie ou mourir en martyr" selon les informations de France 3.
Le terroriste de 29 ans avait également affirmé à sa famille au cours de l'été dernier, vouloir mourir. Ses proches ne l'avaient pas pris au sérieux explique ce même média.
Des recherches pour se procurer des armes
Cherif Chekatt avait réalisé de nombreuses démarches pour se procurer des armes. L'homme avait tenté de rencontrer plusieurs individus connus dans le milieu du trafic d'armes. Le terroriste n'était pas parvenu à ses fins et avait ensuite tenté de se fournir dans la ville de Metz (Moselle), en vain.
Les enquêteurs n'ont pas encore déterminé où Cherif Chekatt s'est procuré ce revolver d’ordonnance modèle 1892, de calibre 8 mm, qu'il a utilisé pour commettre l'attentat. Il en est de même concernant l'arme de calibre 22 long rifle, saisie au domicile de son père. Un logement où des couteaux de chasse et une grenade défensive appartenant au tueur, ont également été saisis.
Une vidéo d'allégeance à l'EI
Un autre élément accrédite la thèse d'un projet terroriste prémédité. Cherif Chekatt a enregistré une vidéo d'allégeance au groupe EI. Une vidéo tournée à la mi-novembre explique France 3, soit un mois avant son passage à l'acte.
La vidéo a été retrouvée sur une clef USB, au domicile de son père. D'une durée d'environ trois minutes, l'homme y apparaît porteur d’un keffieh rouge.
Une interpellation ratée comme élément déclencheur ?
Cherif Chekatt est passé à l'acte ce 11 décembre, alors que les gendarmes devaient l'interpeller le matin même, chez son père. Le terroriste se trouvait en fait à ce moment là, chez sa mère. Cette arrestation ratée, dans le cadre d'une affaire de tentative d'homicide, serait l'élément déclencheur.
"Lundi soir [le 10 décembre], il est venu chez moi, on a fait la prière, on a mangé et le mardi matin [le 11 décembre], il est parti vers 7 heures" a indiqué la mère du tueur, à France 2.
Cherif Chekatt venait d'être prévenu de l'arrivée des gendarmes, c'est la raison pour laquelle il a quitté précipitamment le logement. Le terroriste passera à l'acte le soir même, avant d'être abattu 48 heures plus tard.
URGENT 🇫🇷 Cherif Chekatt a été neutralisé rue Lazaret à Strasbourg. Il est décédé. (@Actu17) https://t.co/crj1XsS56G
— Actu17 (@Actu17) 13 décembre 2018
Bien connu de la justice, fiché S et inscrit au FSPRT
Cherif Chekatt était fiché S (S11) pour radicalisation. Il était également inscrit au FSPRT (le Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste) depuis 2016. L’homme avait été condamné 27 fois par la justice française. Il avait été incarcéré à plusieurs reprises en France mais également en Allemagne.
Le nom du terroriste apparaissait également à 67 reprises dans le fichier des forces de l’ordre, le TAJ (traitement des antécédents judiciaires).
Cherif Chekatt faisait l'objet d'un suivi "actif" de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Toutefois, "aucune velléité de passage à l’acte, ni aucun lien avéré avec la Syrie" n'avaient été détectés par les enquêteurs, selon une source proche du dossier.