Le jeudi 15 février 2024 à 17:15
Josiane Desruels, une retraitée de 66 ans, menait une vie autonome malgré quelques soucis de santé mineurs. En décembre dernier, elle a fait une mauvaise chute qui a nécessité d'aller aux urgences de l'Hôpital Simone-Veil d'Eaubonne (Val-d'Oise) pour une fracture au bras. Sa fille, Nelly Desruels, interrogée par France 3, se remémore avec stupéfaction l'absence de prescription d'antalgiques ou de suivi médical après cette première visite, alors que les couloirs de l'hôpital étaient encombrés de brancards.
La situation s'est aggravée début février, lorsque Josiane, incapable de se lever à cause d'une douleur et d'un important gonflement des jambes, a été de nouveau conduite aux urgences. Elle se plaignait également de difficultés à respirer.
Le diagnostic préliminaire du SAMU évoquait un problème cardiaque. Nelly raconte avec désarroi que sa mère, placée dans un couloir, n'a reçu qu'un traitement sommaire à base de Tramadol (un antalgique de la classe des opioïdes, ndlr), sans consultation médicale approfondie. "C'est le seul soin qu'elle ait eu en dix heures d'attente", déplore-t-elle auprès de nos confrères. Face à cette inaction, Nelly affirme s'être heurtée à l'indifférence, un personnel soignant lui ayant rétorqué qu'il n'était "pas devin" pour diagnostiquer l'état de sa mère sans examens complémentaires.
«Débordé»
Le lendemain matin à 11h40, la nouvelle du décès de Josiane Desruels a été brutalement annoncée à ses enfants. Une tentative de réanimation de quarante minutes n'aurait pas suffi à la sauver. Nelly, cherchant désespérément des explications, s'est vu répondre par le personnel médical que l'hôpital était "débordé", ne pouvant ainsi prioriser le cas de sa mère.
Dans un communiqué, l'hôpital Simone-Veil a exprimé ses condoléances à la famille de Josiane. La nuit précédant le décès de la sexagénaire, l'équipe médicale "a dû gérer plusieurs urgences vitales en simultanée dans les services d’hospitalisation, ce qui a monopolisé une partie des effectifs médicaux sur ces situations". "La patiente ne présentait pas de signes de gravité à son arrivée nécessitant une priorisation de prise en charge. Ses constantes ont été réalisées et tracées régulièrement", précise le communiqué.
Nelly Desruels a porté plainte pour "non-assistance à personne en danger". La quête de réponses a mené la famille à réclamer le dossier médical de Josiane. L'hôpital lui a demandé de patienter huit jours.
D'autres familles ont déposé plainte
D'autres cas similaires se sont produits dans ce même hôpital, rapporte également France 3. Miloud Mélouki, Josette Carlier et Matilde Iodice, 83 ans, sont morts après un passage aux urgences. Des décès qui ont donné lieu à des plaintes. Selon la fille de Miloud Mélouki, Bakhta, l'infirmière qui le suivait pour son diabète "nous a conseillés de l'amener aux urgences". "Il est entré en marchant et en parlant. Il en est ressorti dans une sorte de coma et ne s'est jamais réveillé", affirme-t-elle à nos confrères, en précisant que son père a passé 36 heures sur un brancard "à attendre". L'homme de 75 ans est décédé quelques jours plus tard.
Marie-Pierre Mazzagio a également été interrogée par France 3. Cette dernière raconte que sa mère est décédée deux semaines après son passage aux urgences. "Au total, elle a passé 44h, délaissée, aux urgences", décrit cette femme. Faute de place à l'hôpital, elle a été renvoyée dans son EHPAD. Marie-Pierre Mazzaggio a pris l'initiative de créer un groupe Facebook "Hôpital : l'État d'Urgences", rassemblant des témoignages de familles endeuillées et cherchant à faire écho à leur combat pour la reconnaissance des fautes et l'amélioration des soins d'urgence.