«J’ai tellement mal» : l'agonie de Lucas, 25 ans, aux urgences de Hyères, jusqu'à sa mort, une enquête ouverte

Le décès de Lucas Mannima, 25 ans, survenu le 30 septembre 2023 dans des circonstances dramatiques aux urgences de l'hôpital de Hyères (Var), a conduit sa famille à déposer une plainte pour "homicide involontaire". Un autre patient a été témoin de la dégradation de l'état de santé du jeune homme, durant plusieurs heures. Une enquête a été ouverte afin de faire la lumière sur le drame.
«J’ai tellement mal» : l'agonie de Lucas, 25 ans, aux urgences de Hyères, jusqu'à sa mort, une enquête ouverte
Lucas Mannima était âgé de 25 ans. (Facebook)
Par La Rédaction
Le lundi 29 janvier 2024 à 18:06

Lucas Mannima, un jeune technicien hydraulique de 25 ans décédé le 1er octobre dernier dans les circonstances dramatiques, aux urgences de l'hôpital de Hyères, continue de susciter émotion et interrogations. Le décès, résultant d'un "choc septique" non diagnostiqué à temps, a conduit sa famille à engager des poursuites judiciaires pour "homicide involontaire" contre le centre hospitalier et son directeur, ainsi que contre X, pointant du doigt une succession "d'anomalies" et "d'incohérences" dans la prise en charge médicale du jeune homme, comme révélé par Mediapart.

Dans les heures précédant son décès, Lucas avait été déposé aux urgences vers 16 heures, le 30 septembre. Il avait confié à sa mère par SMS, alors qu'il était installé dans un couloir, sur un brancard : "J’ai tellement mal. Et je me sens tellement faible. La cage thoracique est tellement douloureuse". Des mots poignants, parmi ses derniers. La famille, par la voix de Me Thomas Callen, avocat de la mère de Lucas, a exprimé sa colère et son incompréhension, à Var-Matin : "Des infirmières qui ont baissé leur regard au médecin qui n’a pas pris au sérieux la situation, chacun a contribué, par son inaction, et son désintérêt, à ôter toute chance de survie à Lucas (...) en ne diagnostiquant pas une infection à méningocoque".

«Il avait les yeux dans le vide»

Le témoignage déchirant de Damien Arnoux, recueilli par Var-Matin, présent aux urgences ce jour-là, sur un autre brancard, reflète la détresse de Lucas et l'indifférence du personnel soignant. "Je ne suis pas médecin mais je vois qu'il n'est pas bien du tout. Il gémit et je le vois se relever de son brancard, s'adosser sur le mur et s'effondrer. Il avait les yeux dans le vide. Deux infirmières n'y prêtent pas attention", a partagé le jeune homme lui aussi âgé de 25 ans. "Je vois l'infirmier s'inquiéter et aller chercher la médecin. Elle revient vers Lucas et lui demande : Monsieur vous êtes avec nous ? Lucas parvient à lui répondre qu'il va extrêmement mal. Il est très essoufflé".

Damien raconte qu'il a entendu plus tard le personnel médical dire que Lucas avait une tension de 5/3. Ce qui est très faible. "C'était à trois mètres de moi et les portes étaient ouvertes. J'ai assisté à tout. Une deuxième équipe a pris le relais. Ils ont tout fait pour le sauver. L'anesthésiste a demandé que l'on aille chercher ses parents qui attendaient et puis Lucas a fait un premier arrêt cardiaque. Je l'ai entendu dire : Il va nous lâcher !". Lucas est décédé peu après, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.

L'enquête sur ce décès est menée par les enquêteurs du commissariat de Hyères. En parallèle, l'Agence régionale de santé (ARS) procède à une enquête interne, initiée à la suite d'un signalement détaillé par Damien Arnoux, pour évaluer les circonstances du décès de Lucas et envisager d'éventuelles mesures correctives. La direction de l'hôpital de Hyères, tout en exprimant son empathie face à ce drame, a affirmé son engagement à "collaborer pleinement à l’enquête menée par l’autorité compétente".