La journaliste Ariane Lavrilleux remise en liberté après 48 heures de garde à vue

La journaliste Ariane Lavrilleux, du média Disclose, a été libérée après 48 heures de garde à vue à Marseille. La mesure était en lien avec une enquête sur ses articles concernant le détournement présumé d'une mission de renseignement français par l'Égypte. Cette garde à vue a provoqué de vives contestations.
La journaliste Ariane Lavrilleux remise en liberté après 48 heures de garde à vue
Ariane Lavrilleux. (Disclose/DR)
Par Actu17
Le jeudi 21 septembre 2023 à 01:03

La journaliste d'investigations Ariane Lavrilleux, qui travaille pour le média Disclose, a été remise en liberté ce mercredi soir après avoir passé 48 heures en garde à vue, à Marseille. Cette mesure de privation de libertés était en rapport avec une enquête sur ses articles portant sur le détournement supposé d'une mission de renseignement français par l'Égypte. Cette mesure a suscité l'émoi et la contestation au sein du milieu journalistique.

"Je suis libre, merci beaucoup pour votre soutien", a écrit Ariane Lavrilleux, sur X (ex-Twitter), accompagnant son message d'une photo d'elle le poing levé devant un drapeau égyptien. Me Virginie Marquet, son avocate, a confirmé sa libération vers 21 heures. "Ça va, elle est très combative", a réagi la présidente de Disclose, Magali Serre. Un ancien militaire, également en garde à vue depuis mardi, sera présenté à un magistrat pour de possibles poursuites.

L'affaire concerne des articles de la journaliste sur une mission de renseignement française appelée "Sirli", initiée en février 2016. Disclose avait rapporté que l'Égypte avait détourné cette mission pour effectuer des frappes aériennes sur des contrebandiers présumés à la frontière égypto-libyenne. À la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour "violation du secret de la Défense nationale".

«Si vous enquêtez sur des secrets d'État, vous risquez de terminer comme Ariane Lavrilleux, en garde à vue»

Selon Disclose, "les enquêteurs de la DGSI reprochent à la journaliste d'avoir signé cinq articles sur les ventes d'armes françaises à l'étranger, publiés dans le média depuis 2019". Ces articles couvraient notamment la vente de Rafale à l'Égypte, les livraisons d'armes à la Russie, et le transfert illicite d'armes vers la Libye.

Le placement en garde à vue de la journaliste a suscité de nombreuses réactions. Amnesty International a dénoncé "une attaque contre les journalistes (...) qui tentent d’exposer les actions opaques des services de renseignement français". Paul Coppin de Reporters sans frontières a également noté une "escalade inquiétante dans les moyens mis en œuvre". Lors d'un rassemblement sur la place de la République à Paris, Magali Serre avait averti les journalistes : "Si vous enquêtez sur des secrets d'État, vous risquez de terminer comme Ariane Lavrilleux, en garde à vue".