Le Havre : Un chauffeur routier enlevé, il transportait sans le savoir 50 millions d'euros de cocaïne

Quatre hommes ont enlevé un chauffeur routier de 49 ans au Havre (Seine-Maritime) pour s'emparer de son véhicule. Ce dernier avait dans sa cargaison un peu plus de 677 kilos de cocaïne cachés. Les forces de l'ordre sont rapidement intervenus et ont réussi à interpeller deux suspects qui ont été mis en examen et écroués ce mardi.
Le Havre : Un chauffeur routier enlevé, il transportait sans le savoir 50 millions d'euros de cocaïne
Illustration. (shutterstock)
Par Actu17
Le dimanche 10 octobre 2021 à 13:07 - MAJ dimanche 10 octobre 2021 à 20:08

Le port du Havre est une porte d’entrée importante pour la cocaïne en Europe. Un chômeur et un chef d’entreprise, âgés de 32 et 33 ans, ont été mis en examen pour enlèvement, séquestration et association de malfaiteurs mardi 5 octobre, par un juge de la juridiction interrégionale de Lille (Nord) avant d’être écroués. Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir, le 1er octobre, participé au Havre à l’enlèvement d’un chauffeur routier pour s’emparer de son camion qui transportait, plus de 677 kilos de cocaïne.

Ce matin-là, il est très tôt lorsque Didier, 49 ans, se présente au contrôle phytosanitaire du port du Havre au volant de son poids lourd. Une Peugeot 308, faussement immatriculée, arrive à sa hauteur. Quatre hommes sont à bord. Ils s’emparent du chauffeur et le force à monter dans la voiture. L’un des malfaiteurs monte dans la cabine et part avec le camion. Les deux véhicules roulent en direction de l’autoroute A29.

La drogue cachée au milieu d’une cargaison de crevettes surgelées

Les enquêteurs du service de police judiciaire du Havre sont immédiatement prévenus et se lancent sur les traces des malfaiteurs. Grâce au système de géolocalisation du véhicule, il retrouve le camion sur la voie rapide. A 08h45, les gendarmes repèrent le camion et le bloquent au péage d’Epretot. Azzouz sort de la cabine et tente de prendre la fuite à pied avant d’être rattrapé et interpellé par les militaires. Dans le container, au milieu d’une cargaison de crevettes surgelées, venue de l’Équateur, les forces de l’ordre mettent la main sur onze sacs contenant 586 pains de cocaïne d’un poids de plus de 677 kilos. « Au prix du marché français au détail, cette cargaison vaut 50 millions d’euros », précise une source proche de l’affaire. Le chauffeur est retrouvé peu après avoir été relâché, sur le bord de l’autoroute. Sur le port, vers 09h45, un second suspect est interpellé alors qu’il déplace un camion qui ne lui appartient pas.

Les deux hommes sont placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de la ville. Et lors des auditions, ils passent aux aveux. Azzouz assure qu’il a été forcé à participer à cette équipée. Sous la menace d’une arme, ce chef d’entreprise, qui dirigeait une société de fret, radiée l’an dernier, aurait été contraint de venir avec eux pour conduire le camion. Il ne peut pas expliquer les raisons qui l’ont poussé à prendre la fuite quand les gendarmes l’ont stoppé au péage. Ladji, le second suspect, sans emploi, confie qu’il a été payé pour s’emparer de ce véhicule qui devait être utilisé pour sortir discrètement la cargaison du port. Mais les trafiquants ont été pris de vitesse, car le container a été sorti de nuit en toute légalité par les dockers, avant d’être monté sur le camion. Et Didier, le malheureux routier, est parti vers 7 heures pour livrer ses crevettes au client.

Sur le port du Havre, les saisies de drogue se multiplient. Fin mai, les douaniers ont mis la main sur deux conteneurs, dont l’un contenait aussi des mangues et l’autre du raisin. En tout, c’est plus d’une tonne de cocaïne qui a été saisie sur ce même bateau qui était parti du Brésil. Depuis cinq mois, cinq tonnes de cocaïne seraient passées par Le Havre, et ont été interceptées. La livraison par conteneur est la voie la plus sûre pour les trafiquants colombiens, péruviens ou boliviens qui opèrent à l’échelle planétaire et industrielle. L’an dernier, les 66 tonnes et 33 tonnes respectivement saisies sur les ports d’Anvers (Belgique), Rotterdam (Pays-Bas) ont montré qu’en 2020, les portes d’entrée principales de la cocaïne se trouvaient au nord de l’Europe.