Le vendredi 18 septembre 2020 à 17:06 - MAJ vendredi 18 septembre 2020 à 19:53
Son récit est très spontané et rappelle à quel point la situation des victimes après une agression peut parfois être bien plus compliquée qu'on ne l'imagine. Juliette a été la cible d'une violente agression vers 2 heures dans la nuit de lundi à mardi, à Lyon.
"Je rentrais chez moi, on m'a mise violemment au sol parce que je n'ai pas accepté de donner mon numéro, ni mon Snapchat, ni une cigarette", décrit-elle. L'agression s'est déroulée sur le quai Chauveau, à proximité du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (9e). "Pendant que j'étais au sol, l'individu a pris mon portefeuille dans mon sac. J'ai serré fort mon téléphone dans mes mains. Il est parti en scooter", poursuit la jeune femme.
"Je me suis rendu compte que je n'avais plus de dents devant"
C'est en se relevant qu'elle a constaté sa blessure handicapante et très visible. "J'étais seule, ma bouche sur le trottoir. Une voiture s'est arrêtée et a voulu communiquer avec moi et c'est alors que je me suis rendu compte que je n'avais plus de dents devant", se souvient Juliette. "Après avoir appelé la police, ils n'ont rien tenté après l'individu en question. Ils m'ont seulement montré des visages que je n'ai su reconnaître puisque cette petite merde portait un casque", déplore la jeune femme.
"J'ai fini la nuit aux urgences amenée par les pompiers. Le lendemain, une personne m'a contactée sur Facebook en me disant qu'elle a retrouvé mes papiers éparpillés sur le sol. J'ai récupéré mes papiers sauf ma carte bancaire (évidemment), ma carte TCL (les transports en communs lyonnais, ndlr), et ma carte étudiante", détaille la victime.
"Je suis aujourd'hui sous somnifère"
Juliette raconte ensuite son calvaire actuel dans son message posté sur Instagram, le lendemain des faits. "Je suis aujourd'hui sous somnifère, j'ai rendez-vous le 30 septembre à 10h30 pour qu'on puisse tenter de me refaire une dentition correcte (dans deux semaines). J'ai rendez-vous demain avec mon ostéopathe pour qu'il puisse me débloquer le dos. J'ai honte de parler devant, ne serait-ce que ma famille. J'ai honte de sourire", confie la jeune femme encore sous le choc.
"Je n'arrive plus à me regarder dans un miroir, ma nuit est coupée toutes les trois heures", ajoute-t-elle, précisant qu'elle pleure beaucoup et qu'elle n'arrive pas encore à manger normalement. "Et pourquoi ? Pour une carte bancaire sur laquelle j'étais à découvert de 200 euros".
"Ma vie a changé, j'en prends peu à peu conscience"
"Je suis une victime de l’harcèlement de rue, dans "l'espace public". Je voudrais que toute l'énergie que vous pourriez avoir à me plaindre et à être désolés pour moi, soit redirigée vers un combat beaucoup plus global et plus grave", demande-t-elle.
"Ma vie a changé, j'en prends peu à peu conscience. Mobilisez-vous pour faire en sorte qu'une gamine étudiante de 19 ans n'ait plus à vivre ce que je vis aujourd'hui", conclut Juliette. Sa publication a déjà été partagée des milliers de fois, sur Instagram, mais également sur Twitter où elle a été diffusée par d'autres internautes.