Le jeudi 13 octobre 2022 à 16:13
Deux jeunes hommes ont été interpellés jeudi après de nouvelles échauffourées entre lycéens et policiers près du lycée Joliot-Curie à Nanterre, qui connaît des tensions depuis lundi, a appris l'AFP de source policière.
De nouveaux moments de tensions ont eu lieu jeudi matin aux abords du lycée, selon l'Académie de Versailles, qui précise que l'établissement est fermé depuis et rouvrira vendredi.
Quatorze jeunes avaient été interpellés mardi dans la matinée, suite à un attroupement autour du lycée où la présence policière était forte. Des projectiles avaient été lancés vers les forces de l'ordre.
Plusieurs vidéos amateurs diffusées sur les réseaux sociaux montrent les violences qui se sont déroulées ce jeudi matin.
Situation très tendue ce matin au lycée Joliot-Curie à #Nanterre suite à un nouveau blocus avec tirs de feux d'artifice contre gaz lacrymogène et tirs de LBD. 14 lycéens ont passé plus de 24 heures en garde-à-vue après avoir été arrêtes mardi matin pic.twitter.com/BrMLW7iq0p
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) October 13, 2022
Une vidéo prise au lycée #JoliotCurie de Nanterre depuis une salle de classe, et envoyée ce matin. On y voit et entend des tirs de mortier d'artifice effectués par des manifestants.
Trois jeunes sur les 14 interpellés mardi seront jugés pour violences aggravées. pic.twitter.com/bSRUYADVaE— Carine Azzopardi (@CarineAzzopardi) October 13, 2022
Trois convocations devant la justice
Le lycée Joliot-Curie, qui compte environ 1700 élèves, connaît de vives tensions depuis la mutation d'un enseignant et syndicaliste, Kai Terada, fin septembre. Lundi et mardi, les élèves ont bloqué l'établissement principalement pour protester contre la fin du dispositif d'aide aux devoirs, mais aussi en soutien à l'enseignant muté et contre le règlement intérieur et le cadre d'application du principe de laïcité, selon le rectorat et une enseignante interrogée par l'AFP.
Trois jeunes, sur les quatorze interpellés mardi matin, seront convoqués en décembre devant le tribunal pour enfants en audience de culpabilité, pour violences aggravées sur personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme.
"C'est le même processus que pour les lycéens mis à genoux à Mantes-la-Jolie, c'est la criminalisation et la répression d'un mouvement social lycéen", avait réagi mercredi auprès de l'AFP l'avocat Arié Alimi, dénonçant "une stratégie politico-judiciaire qui fait suite à une mise au pas d'un membre de l’Éducation nationale".
Kai Terada, un professeur de mathématiques également cosecrétaire de Sud Éducation 92, et trois autres enseignants ont fait récemment l'objet d'une "mesure de mutation dans l'intérêt du service [visant] à créer des conditions renouvelées pour reconstruire un climat apaisé" au sein du lycée, selon l'académie de Versailles.
L'arrêté de mutation reçu par Kai Terada évoque une activité "en dehors des instances de dialogue social de l'établissement ou de l'exercice normal d'une activité syndicale", selon plusieurs syndicats enseignants qui accusent l'académie de "discrimination syndicale" et demandent la "levée des sanctions".
De son côté, l'Académie de Versailles estime que l'établissement est marqué par "des dysfonctionnements nécessitant la mise en place de mesures d'accompagnement devant permettre de retrouver un climat de travail serein pour les élèves et les personnels".