Le mardi 20 mai 2025 à 15:47
Le parquet de Paris a annoncé qu'une vaste opération de perquisitions, visant à démanteler un réseau de téléphones miniatures illégalement introduits dans les établissements pénitentiaires français, a été menée ce mardi.
Baptisée "prison break", cette opération, coordonnée par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris, a permis de mener des perquisitions simultanées dans 66 lieux de détention sur l’ensemble du territoire. Selon le communiqué, "des autorisations ont été délivrées pour les perquisitions de près de 500 cellules".
L’enquête, confiée conjointement à la BL2C (Brigade de lutte contre la cybercriminalité, de la Police judiciaire de la préfecture de police de Paris) et à l’UNC (Unité nationale cyber de la gendarmerie nationale), vise "les infractions d’administration de plateforme permettant des transactions illicites, et recel d’objet provenant d’une infraction", notamment parce que "il est interdit de faire parvenir un téléphone à une personne détenue".
Les téléphones en question, "de la taille d’un briquet, et paramétrés de façon spécifique", étaient commercialisés par la société chinoise à l’origine de leur fabrication, puis revendus en France par le fournisseur dénommé "OPORTIK". Ces appareils étaient promus comme étant "indétectables aux portiques d’entrée dans les lieux de détention".
Le Service national de renseignement pénitentiaire a joué un rôle clé dans cette opération, en permettant d’identifier plusieurs utilisateurs de ces appareils. Les investigations ont démontré que certains de ces téléphones ont été utilisés depuis les prisons françaises pour organiser diverses infractions graves : "trafic de stupéfiants, escroqueries, dégradation de commerce par incendie, tentatives de meurtre commanditées".
Le parquet de Paris cible un réseau de téléphones indétectables distribués illégalement en détention
Ce même jour, le nom de domaine de la société OPORTIK a été saisi par les enquêteurs, et "trois fournisseurs sur le territoire français ont été interpellés". Les téléphones récupérés feront l’objet d’une expertise par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), afin de déterminer s’ils comportaient des "backdoors" susceptibles d’aspirer des données vers l’étranger.
Le parquet précise que "l’intégralité des 5000 téléphones de la flotte en circulation sur le territoire national est visée par cette opération de démantèlement". Concernant les suites judiciaires, "le parquet de Paris envisage de se dessaisir au profit des parquets territorialement compétents sur les lieux de saisies de ces téléphones, qui apprécieront les suites pénales appropriées pour chacun des utilisateurs interpellés".
Enfin, dans une perspective de coopération européenne, "le parquet de Paris, par l’intermédiaire d’Eurojust, a communiqué à ses partenaires le mode opératoire permettant de localiser ces téléphones largement mis en circulation", afin que des actions similaires puissent être engagées dans d'autres pays.