Le samedi 10 août 2024 à 17:10
Deux policiers affectés au commissariat du Ve et VIe arrondissements de Paris seront jugés le 29 octobre prochain pour des faits de violences sur un homme en garde à vue, indique le parquet. Des faits présumés qui se sont produits le 25 juillet dernier. L'homme s'est vu attribuer une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 30 jours, d'après une source proche de l'affaire.
Ce jour-là, les deux policiers ont interpellé un homme pour des faits qui n'ont pas de lien avec les Jeux olympiques. Plus tard, dans le commissariat, l'un des policiers est soupçonné d'avoir "porté une claque sans raison à un gardé à vue, au moment où il lui demandait de lui remettre ses effets personnels", au moment de la fouille qui a lieu avant le placement en cellule, puis de lui avoir donné "des gifles et coups de matraque télescopiques entraînant une fracture de l’avant-bras compatible avec une lésion de défense, ainsi que d’avoir porté un coup de clé à l’arcade sourcilière lorsqu’il a replacé le gardé à vue en cellule", décrit le parquet. Le policier a décidé de déposer une plainte pour "violences", contre le gardé à vue, sans "évoquer l'usage de sa matraque", selon la même source. Selon le fonctionnaire, l'homme aurait tenté de lui porter un coup de tête.
Ce policier de 25 ans est poursuivi pour "violences aggravées par deux circonstances ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours", "dénonciation calomnieuse" concernant sa plainte, et "violences par personne dépositaire de l’autorité publique n'ayant pas entraîné d'incapacité de travail". Le gardien de la paix était déjà connu des services de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour avoir, en 2022, "fait usage de gaz lacrymogène de façon inappropriée, à cinq reprises, dans le visage d’une personne qu’on lui avait demandé de raccompagner après avoir refusé de prendre sa plainte", ajoute le parquet. Le dossier avait été clôturé mais il sera joint à cette nouvelle procédure.
«Une douzaine de gifles et coups de poing»
Vers minuit, le second policier est soupçonné d'avoir "porté une douzaine de gifles et coups de poing dans le champ de la caméra et sous les yeux de ses collègues", à l'homme en garde à vue, qui attendait d'être conduit à l'hôpital. Ce second fonctionnaire est poursuivi pour "violences volontaires sur personne vulnérable par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours".
Au total, huit policiers ont été placés en garde à vue pour être interrogés par les enquêteurs de l'IGPN dans cette affaire. Les six autres policiers sont soupçonnés de ne pas être intervenus alors qu'ils étaient témoins des violences. Ils sont poursuivis pour non-assistance à personne en danger.
Placés sous contrôle judiciaire
Les deux policiers mis en cause ont été déférés et présentés vendredi à un juge des libertés et de la détention (JLD) qui a décidé de les placer sous contrôle judiciaire, avec l'interdiction de quitter le territoire, de détenir ou porter une arme, d'échanger ou de rencontrer les acteurs du dossier et d'exercer toute fonction publique. Ils ont également reçu l'obligation de suivre des soins.