Le samedi 25 novembre 2023 à 15:58
Armand, un fonctionnaire de 49 ans au service des étrangers de la préfecture de police de Paris, a été mis en examen et écroué pour escroquerie en bande organisée et corruption, révèle Le Parisien. Soupçonné d'être le cerveau d'un réseau d'arnaque ciblant les étrangers sans papiers, Armand, d'origine camerounaise et de nationalité française, vivant en France depuis 27 ans, est passé aux aveux.
Les investigations ont démarré suite à un incident en avril où un homme a tenté de déposer de l'argent pour le "lieutenant Armand" à la préfecture. Une source proche du dossier a décrit Armand comme un "simple employé" répondant au téléphone, mais utilisant son poste pour se faire passer pour un grand flic, promettant de faciliter l'obtention de titres de séjour. Le procureur, dans ses réquisitions devant le juge des libertés et de la détention (JLD), a souligné qu'Armand "simulait des actions" et dispensait des conseils contre rémunération, se faisant passer pour un policier ou un agent assermenté de la RATP.
Les victimes, souvent des étrangers vulnérables, lui remettaient de l'argent, des parfums, et même des dattes, espérant en retour une aide pour obtenir une carte de séjour. Les montants variaient entre 20 et 200 euros. L'enquête, menée par la sous-direction de la lutte contre l'immigration irrégulière (SDLII), a impliqué l'audition de soixante et un témoins, dont une trentaine de clandestins. L'agent, surveillé et écouté, continuait néanmoins à rencontrer ses "clients" dans un commerce situé en face des locaux de la préfecture.
88 000 euros sur son compte bancaire
Armand a été arrêté chez lui, où les enquêteurs ont trouvé des dossiers concernant des étrangers en situation irrégulière. De plus, l'examen de ses comptes bancaires a montré qu'il avait reçu 88 000 euros.
Interrogé par Le Parisien, Me Philippe Benamou, l'avocat d'Armand, a nuancé les accusations portées contre son client, en soulignant que celui-ci "n'avait empoché qu'environ 15 000 euros en deux ans". Il a fait valoir que les capacités d'Armand à commettre une telle fraude étaient restreintes, étant donné son "accès limité à l'ordinateur de la préfecture". L'avocat a également attiré l'attention sur la situation familiale difficile d'Armand, mettant en avant que "sa femme est gravement malade".
Les trois complices présumés d'Armand ont été placés sous contrôle judiciaire.