Le mardi 18 mars 2025 à 10:18
Les forces de l’ordre ont procédé, ce mardi matin, à l’évacuation des jeunes migrants occupant depuis plus de trois mois la Gaîté-Lyrique, à Paris, dans le 3e arrondissement. L’intervention a débuté peu avant 6 heures du matin, mobilisant de nombreux policiers et gendarmes, et a donné lieu à des tensions avec des militants venus soutenir les exilés.
Dès l’aube, les forces de l’ordre ont mis en place un dispositif de sécurisation autour du théâtre, alors que des manifestants tentaient de ralentir l’intervention. Selon des journalistes présents sur place, des heurts ont éclaté lorsque les policiers et gendarmes ont repoussé les militants. L’usage de gaz lacrymogène a été signalé, entraînant un bref repli des protestataires avant qu’ils ne reviennent face aux policiers et gendarmes.
À l’intérieur du théâtre, les jeunes migrants ont commencé à quitter les lieux avec leurs affaires personnelles, laissant de nombreux sacs et valises devant le bâtiment. Certains ont scandé : "Nous sommes tous des enfants d’immigrés".
La députée de Paris Danielle Simonnet, présente sur place, a dénoncé une "intervention extrêmement violente". Selon elle, les forces de l’ordre "tapent" et "frappent" alors que "les jeunes étaient en train de ranger leurs sacs" et que les manifestants étaient "très pacifiques". Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux montre les tensions entre manifestants et policiers.
Une occupation depuis le 10 décembre
La Gaîté-Lyrique était occupée depuis le 10 décembre 2024 par des jeunes migrants, environ 450 au plus fort de l’occupation, réclamant un hébergement stable. Cette situation avait conduit la direction du théâtre à annoncer la fermeture du lieu au public. Saisi par la Ville de Paris, propriétaire des lieux, le juge des référés du tribunal administratif avait ordonné l’évacuation le 13 février, évoquant un "risque élevé en cas d’incendie", des "risques sanitaires liés à la promiscuité" et un "trouble à l’ordre public".
La préfecture de police avait confirmé lundi soir que l’opération d’évacuation était imminente. Sur TF1, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a estimé que l’intervention était nécessaire : "Quand un lieu est occupé illégalement, et que le désordre public existe, il faut mettre fin à cela".
Des solutions d’hébergement contestées
Les autorités assurent que des solutions d’hébergement ont été proposées aux migrants évacués. Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, a déclaré sur France 5 que "pour ceux qui le souhaitent, il y aura des hébergements qui seront proposés, comme nous le faisons à chaque fois, et leur situation administrative sera évidemment examinée".
Le Collectif des jeunes du parc de Belleville, qui regroupe certains des migrants expulsés, a dénoncé dans un communiqué des solutions "temporaires et en régions". "La solution n’est pas de nous déplacer ailleurs", ont-ils affirmé, ajoutant : "Nous serons près de 500 jeunes à être remis à la rue cette nuit. La honte !".
La veille de l’évacuation, plusieurs dizaines de personnes, dont des élus et militants, s’étaient rassemblées devant la Gaîté-Lyrique pour protester contre l’expulsion. Parmi eux, des membres de formations politiques et syndicales, ainsi que des élus comme les députés Pouria Amirshahi (Groupe Ecologiste et Social) et Danielle Simonnet (LFI), l’adjoint à la maire de Paris David Belliard (EELV) et la sénatrice Anne Souyris (EELV).
L’opération s’est achevée peu avant 9 heures. À la suite de l’évacuation, les migrants se sont dispersés dans les rues avoisinantes, certains cherchant une solution pour la nuit, d’autres restant aux abords du théâtre.
Intervention des forces de l’ordre à l'extérieur de la Gaîté Lyrique avant le début des opérations d’évacuation. pic.twitter.com/s5x6S7G84f
— CLPRESS / Agence de presse (@CLPRESSFR) March 18, 2025
Tensions entre forces de l’ordre et soutiens lors de l’évacuation de la Gaîté Lyrique à Paris. pic.twitter.com/8aKnCgROjF
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