Paris : Violences près de République en marge de la manifestation en hommage aux victimes kurdes

Du mobilier urbain a été dégradé, plusieurs voitures retournées et les forces de l'ordre ont été violemment prises pour cible, autour de la place de la République à Paris. La manifestation organisée par le Conseil démocratique kurde en France a finalement pris fin plus tôt que prévu, vers 15 heures. Onze personnes ont été interpellées et il y a 31 blessés à déplorer du côté des forces de l'ordre.
Paris : Violences près de République en marge de la manifestation en hommage aux victimes kurdes
De violents incidents ont éclaté en marge de la manifestation kurde à Paris ce samedi 24 décembre 2022. (images Remy Buisine)
Par Actu17
Le samedi 24 décembre 2022 à 16:02 - MAJ samedi 24 décembre 2022 à 17:12

De violences incidents ont éclaté ce samedi en début d'après-midi à Paris dans le secteur de la place de la République, en marge de la manifestation à l'appel du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), au lendemain de la tuerie dans laquelle trois Kurdes ont été tués par balle par un homme de 69 ans, qui a été interpellé sur place.

Le rassemblement a débuté à midi sur la place de la République "pour protester contre cet attentat terroriste qui meurtrit encore une fois le peuple kurde, et dénoncer la complaisance de la France avec le régime fasciste turc, une complaisance qui laisse la porte grande ouverte aux attentats meurtriers contre les Kurdes en France", peut-on lire dans un communiqué du CDK-F.

Le rassemblement a débuté dans le calme mais la situation a dégénéré vers 13 heures. De nombreuses personnes ont commencé à s'en prendre aux forces de l'ordre, positionnées dans les rues adjacentes. Le service d'ordre de la manifestation a tenté de contenir les casseurs, en vain. Ces derniers ont dégradé du mobilier urbain et au moins quatre voitures ont été retournées, l'une incendiée, près du Cirque d'Hiver Bouglione, rue Amelot. Des poubelles ont aussi été brûlées.

«Le risque était de faire des blessés face à la violente opposition»

Les forces de l'ordre sont intervenues pour mettre fin à cette situation. Policiers et gendarmes ont essuyé des jets de projectiles et des tirs de mortiers d'artifice, ripostant par des moyens lacrymogènes et des charges. Le préfet de police Laurent Nuñez a annoncé peu après 17 heures sur BFMTV que onze personnes ont été interpellées. 31 membres des forces de l'ordre ont été blessés.

"Lors de leur intervention, les policiers ont été violemment agressés par des groupes qui se rassemblaient systématiquement pour éviter que les interpellations puissent avoir lieu", confie une source policière. "Ils ont parfois du reculer et se protéger. Le risque était de faire des blessés face à la violente opposition à laquelle les policiers ont fait face quand ils s'approchaient". Les forces de l'ordre ont été prises pour cible au niveau de la rue des Filles du Calvaire, de la rue Crussol ou encore sur le boulevard du Temple (XIe). La manifestation a finalement pris fin vers 15 heures, plus tôt que prévu, à la demande du CDK-F, suite aux violents incidents.

Des manifestants venus de l'étranger

"Il y a eu des provocateurs qui sont passés à bord d'un véhicule avec le drapeau turc en faisant le signe des Loups gris (une organisation ultranationaliste turque, hostile envers les Kurdes, ndlr) donc automatiquement, ça a provoqué les jeunes", a expliqué Berivan Firat, porte-parole du CDK-F, à BFMTV.

Ce samedi matin, des manifestants étaient arrivés de l'étranger. "Ils sont venus de toute l'Europe, notamment d'Allemagne, de Belgique ou du Royaume-Uni", confie un gradé de la préfecture de police. Dans la foule, des personnes ont exposé des drapeaux du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ou encore des photos des trois femmes kurdes assassinées en janvier 2013 à Paris, près de dix ans avant cette nouvelle tuerie visant la même communauté, commise ce vendredi par un homme muni d'une arme de poing et de nombreuses munitions.

Le «mobile raciste» a été «ajouté» à l'enquête

La garde à vue du suspect, William M., a été prolongée ce samedi. Âgé de 69 ans et déjà connu des services de police et de justice, il est visé par une enquête pour "assassinats", "tentatives d'assassinats", "violences avec arme", et "infractions à la législation sur les armes", a annoncé le parquet. "Le mobile raciste des faits" a été "ajouté" à cette enquête a précisé la même source ce samedi matin, suite aux déclarations du suspect. A ce stade, le parquet national antiterroriste (PNAT) ne s'est pas saisi de ce dossier, comme le réclame le CDK-F.

"Le fait que nos associations soient prises pour cible relève d'un caractère terroriste et politique", a déclaré Agit Polat, porte-parole du mouvement des femmes kurdes en France, après une rencontre ce samedi avec le préfet de police de Paris, Laurent Nunez. "Nul doute pour nous que ce sont des assassinats politiques", a ajouté M. Polat.