Quatre ex-militaires du régiment de Castres portent plainte pour violences et harcèlement moral

Quatre anciens militaires du 8e RPIMa de Castres (Tarn) ont déposé plainte pour violences, menaces et harcèlement moral. Ils accusent leurs supérieurs d’avoir instauré un climat toxique au sein du régiment. Le ministère des Armées a annoncé l'ouverture d’une enquête de commandement.
Quatre ex-militaires du régiment de Castres portent plainte pour violences et harcèlement moral
Illustration. (Dragos Asaftei / Shutterstock)
Par Actu17
Le vendredi 16 mai 2025 à 16:15

Quatre anciens militaires du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) basé à Castres (Tarn) ont porté plainte le 9 mai auprès du parquet de Paris, visant nommément certains de leurs supérieurs hiérarchiques ainsi que le ministère des Armées, pour violences volontaires, menaces, harcèlement moral et mise en danger de la vie d’autrui, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien et de France 2.

Les plaignants dénoncent des traitements qu’ils jugent dégradants. L’un d’eux affirme qu’"un véritable harcèlement s’est organisé autour de lui, créant un environnement toxique et dangereux". Il ajoute qu’il "recevait des réflexions, des insultes, et sa réticence à se conformer aux pratiques de bizutage, de harcèlement ou à s’en prendre aux boucs émissaires désignés par les cadres ne faisait qu’aggraver sa situation". Toujours selon cette même plainte, "l’encadrement le soumettait lui, mais également d’autres de ses camarades, à des punitions dégradantes".

«Il a sorti un couteau et me l’a mis sous la gorge»

Un autre ancien militaire s'est exprimé auprès de France 2 : "Mon chef nous a donné l’ordre de nous mettre en rang et d’un coup, il est venu derrière, il m’a mis une balayette comme on dit. Il s’est mis sur moi, il a sorti un couteau et me l’a mis sous la gorge. À cause de tes photos, on peut retrouver ta p… de mère, ta p… de sœur". Cet homme, qui avait publié une photo de lui en uniforme sur les réseaux sociaux, affirme avoir été plongé dans un climat de peur et de pression tel qu’il a tenté de se suicider. Il fait désormais partie des plaignants.

L’avocat des quatre anciens militaires, Me Thibault Laforcade, a salué leur initiative, auprès de l'AFP : "C’est une action de jeunes hommes extrêmement courageux qui souhaitent non seulement dénoncer les faits graves dont ils ont été victimes, mais également que des mesures soient prises pour que les pratiques changent". Il a également estimé que "c’est sans doute le moment de questionner le fonctionnement interne de cette institution qui ne peut plus user de procédés archaïques et destructeurs". Et d’ajouter : "Cette nouvelle génération de soldats est prête à la rigueur qu’exige l’engagement militaire mais souhaite simplement que ses droits fondamentaux ne s’arrêtent plus aux portes des régiments".

Dans un courrier adressé le 9 mai au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, Me Laforcade appelle à "prendre toutes les mesures qui s’imposent pour remédier à ces difficultés systémiques".

«L’armée, ce n’est pas ça»

Le ministère des Armées a déclaré ce vendredi prendre "très au sérieux ces accusations et rappelle sa politique de tolérance zéro vis-à-vis de ces pratiques qu’il condamne fermement". Il a précisé que "déterminée à faire toute la lumière sur les faits dénoncés, l’armée de terre a décidé d’initier une enquête de commandement et apportera son concours à la justice pour établir toutes les responsabilités", assurant également que "si ces faits sont avérés, des sanctions disciplinaires lourdes seront prises à l’encontre des responsables".

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a également réagi sur X vendredi à la mi-journée : "L’armée, ce n’est pas ça. Notre position est claire et constante : tolérance zéro".