Le jeudi 7 décembre 2023 à 14:33 - MAJ jeudi 7 décembre 2023 à 22:59
Un adolescent de 17 ans a été victime d'un guet-apens à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) ce dimanche soir. Enlevé par trois hommes, il a été menacé, forcé à se déshabiller, roué de coups et dépouillé. Une scène qui a été filmée par les agresseurs alors que la nuit était déjà tombée. Trois suspects de 14, 17 et 19 ans ont été rapidement interpellés dans cette affaire, a appris Actu17. Le plus âgé a été jugé dans le cadre d'une comparution immédiate ce vendredi après-midi. Il a écopé d'une peine de quatre ans de prison dont 18 mois ferme avant mandat de dépôt.
C'est un policier hors service de la brigade anticriminalité (BAC) qui est tombé sur la victime vers 21h40 alors qu'il était au volant de sa voiture et qu'il passait au niveau de la route des Loges, dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye. L'adolescent est entièrement nu. Le fonctionnaire s'arrête et le jeune homme de 17 ans lui explique qu'il est tombé dans un guet-apens et a été violemment agressé. L'alerte est donnée et l'adolescent est pris en charge.
Interrogé, le jeune homme raconte qu'il a d'abord été contacté sur les réseaux sociaux par un adolescent de son âge, qu'il a rencontré au service national universel (SNU) en juin 2022. Celui-ci l'a convié à un rendez-vous à la gare RER de Saint-Germain-en-Laye, afin qu'ils passent la soirée ensemble. Une fois sur place, la victime a compris qu'il s'agissait en fait d'un piège. L'adolescent qui l'avait contacté se trouvait dans une voiture avec deux individus encagoulés. Menacé avec une arme de poing, il a été forcé de monter dans le véhicule avant d'être conduit au milieu de la forêt. "Les agresseurs l'ont alors roué de coups, déshabillé, et forcé à se masturber tout en le filmant", décrit une source proche de l'enquête.
Les trois agresseurs lui ont volé son téléphone et ses vêtements puis l'ont abandonné. La victime s'est mise à marcher en bord de route et c'est à ce moment-là qu'il a croisé la route de ce policier.
Les vidéos retrouvées dans les téléphones
Les enquêteurs de la brigade de sûreté urbaine (BSU) de Saint-Germain-en-Laye ont été chargés des investigations. Ils ont exploité les images de vidéoprotections de la ville et sont parvenus à récupérer l'immatriculation de la voiture qui a servi à cet enlèvement. Les fonctionnaires ont également retrouvé le lieu où la victime a été rouée de coups. Ils sont ensuite parvenus à identifier l'adolescent qui a pris contact avec la victime. Celui-ci s'est finalement présenté au commissariat de Houilles lundi soir avant d'être placé en garde à vue. Il est passé aux aveux, tentant de minimiser l'implication de ses deux complices.
La suite de l'enquête des policiers de la BSU a permis d'identifier les deux autres suspects, âgés de 14 et 19 ans et déjà connus des services de police. Ils ont été interpellés et placés en garde à vue à leur tour. La perquisition de leur domicile respectif a permis de découvrir un pistolet à plomb ayant servi au guet-apens ainsi que des affaires appartenant à la victime. Dans les téléphones des suspects, les enquêteurs ont découvert des vidéos de l'agression.
Une histoire d'agression sexuelle pour se justifier
Pour tenter de se justifier, les trois auteurs présumés ont dénoncé une affaire d'agression sexuelle : la petite amie de l'adolescent de 17 ans, qui a organisé le rendez-vous, aurait été victime du jeune homme qu'ils ont attaqué. Questionnée à ce sujet, cette dernière a évoqué une relation consentie. La piste d'un acte de vengeance sur fond de jalousie est privilégiée dans ce dossier.
Les deux mineurs mis en cause ont été déférés ce mercredi soir et sont convoqués devant le tribunal pour enfants en février prochain. Extrêmement choqué suite à ce guet-apens et cette agression humiliante, l'adolescent de 17 ans s'est vu attribuer 30 jours d'incapacité totale de travail (ITT) à ce stade.
"Dans son malheur, la victime a eu la chance de tomber sur ce collègue de la BAC de Sartrouville hors service", réagit Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Polcie FO. "La réactivité du collègue a permis de secourir la victime et de préserver les indices sur place, utiles aux enquêteurs. Leur persévérance et savoir faire a payé. C'est une enquête d’une grande réussite. Bravo à tous".