Seine-Saint-Denis : Un policier ripou présumé de la PJ écroué

INFO ACTU17. Ce fonctionnaire de police a été mis en examen, le 28 juin dernier, notamment pour "corruption", "escroquerie", "faux et usage de faux" et "violation du secret professionnel", avant d’être placé en détention provisoire. 
Seine-Saint-Denis : Un policier ripou présumé de la PJ écroué
Illustration. (Jose Hernandez/Camera 51/shutterstock)
Par Actu17
Le mercredi 19 juillet 2023 à 09:29 - MAJ mercredi 19 juillet 2023 à 10:33

C’est une affaire extrêmement sensible gérée dans la plus grande discrétion par les autorités judiciaire et policière. Selon les informations d'Actu17, un fonctionnaire de police, en poste pendant près de 20 ans au sein du service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis (SDPJ 93), a été placé en garde à vue le 26 juin dernier par les enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), - la police des polices -, agissant dans le cadre d’une information judiciaire, ouverte depuis le mois de décembre 2022, sur des soupçons de corruption. Une information confirmée de source judiciaire à Actu17.

Le suspect, âgé de 48 ans, affecté à la sûreté départementale (SD) du Var depuis deux ans, après avoir passé dix-huit ans dans les rangs de la PJ 93 dans un groupe de lutte contre le trafic de stupéfiants, est soupçonné d’avoir notamment "renseigné" plusieurs barons de la drogue en Seine-Saint-Denis sur des opérations policières les concernant. Le tout en échange d’argent.

A l’issue de son audition, dont le contenu n’a pas fuité, N. B.D. a été présenté, le 28 juin, à un juge d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris en vue de sa mise en examen.

De multiples chefs de mise en examen

Toujours selon les informations d'Actu17, ce brigadier de police a fait l’objet de pas moins de seize chefs de poursuite. A commencer par "violation du secret professionnel", "violation du secret de l'enquête et de l'instruction avec cette circonstance que l'enquête ou l'instruction portait sur un crime ou un délit", "recel de violation du secret professionnel et de violation du secret de l'enquête et de l'instruction", "association de malfaiteurs en vue de crimes et délits punis de 10 ans d’emprisonnement (trafic de stupéfiants et blanchiment de trafic de stupéfiants)", "corruption ou trafic d'influence par un agent public", "corruption ou trafic d'influence actif sur un dépositaire de l'autorité publique", "blanchiment de fraude fiscale, de dissimulation d’activité et d’abus de biens sociaux". Des délits qui auraient été commis pendant de nombreuses années alors qu’il opérait au sein de la PJ 93.

Le même policier s’est également vu reprocher des faits "d’escroquerie", "abus de biens sociaux", "faux et usage de faux", "prise illégale d’intérêt par dépositaire de l’autorité publique" et "recel de prise illégale d’intérêt par dépositaire de l’autorité publique".

N. B.D. aurait également sous-loué un immeuble, destiné à la location, au préjudice de la régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP). Il a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de La Santé à Paris.

Des échanges entre malfaiteurs interceptés

Toujours selon les informations d'Actu17, une enquête préliminaire avait été ouverte il y a environ un an après la découverte d’échanges entre malfaiteurs sur une messagerie chiffrée. Des messages dans lesquels la photo du suspect avait été diffusée, assortie d’un commentaire sur ses fonctions de policier en Seine-Saint-Denis mais également sur "sa disponibilité et ses capacités" pour parer à tout problème avec… la police !

Saisis des investigations, les "bœufs-carottes", - le surnom des policiers de l’IGPN -, n’avaient pas tardé à identifier ce suspect après la diffusion de ce cliché auprès des différents services d’investigation en Seine-Saint-Denis. Selon les premières investigations, N. B.D. aurait affiché un train de vie en inadéquation avec ses revenus.

L'ensemble des agents rattachés à son ancien groupe de lutte contre le trafic de drogue à la PJ 93 ont également été auditionnés comme témoins par l’IGPN, d'après nos informations. Les investigations se poursuivent afin de déterminer si ce policier a agi seul ou avec la complicité de plusieurs de ses anciens collègues.