Le lundi 16 janvier 2023 à 11:27 - MAJ lundi 16 janvier 2023 à 21:44
Un adolescent de 16 ans a été mortellement poignardé lundi matin devant son lycée à Thiais (Val-de-Marne) lors d'une probable rixe entre bandes rivales, une affaire dans laquelle trois mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue.
Les faits se sont déroulés peu après 08h00 tout près du lycée Guillaume Apollinaire à Thiais. Selon les premiers témoignages, les agresseurs, entre cinq et dix, "étaient en situation de guet et attendaient" à proximité de l'établissement scolaire, a indiqué le procureur de la République de Créteil, Stéphane Hardouin, lors d'une conférence de presse.
Le coup de couteau mortel a été porté au niveau du cœur de la victime, qui était inconnue de la justice. Présent également lors de l'agression, un autre lycéen de 16 ans a été blessé à la cuisse. Son pronostic vital n'est pas engagé. "Selon les témoins, les agresseurs auraient poursuivi les deux victimes sur quelques dizaines de mètres", a déclaré le procureur, précisant qu'un couteau avait été découvert à proximité.
Le scénario d'une rixe entre bandes de jeunes de quartiers rivaux de Thiais et Choisy-le-Roi, deux villes limitrophes, est privilégié par les enquêteurs. Un premier suspect, originaire de Choisy-le-Roi, a été interpellé vers 10h00 à son domicile. Il est notamment connu de la justice "pour une série de faits de violences aggravées" qui lui valent une mise en examen dans une affaire distincte datant de 2021, a indiqué Stéphane Hardouin.
Cet adolescent de 16 ans était placé sous contrôle judiciaire "avec interdiction de se rendre à Orly et à Thiais, sauf pour les besoins de sa scolarisation", a précisé le procureur.
«Traumatisée»
Il avait aussi déposé plainte pour des violences subies en décembre 2022 lors d'une rixe près du lycée où a eu lieu l'agression de lundi. A la suite de cette dernière, une enquête en flagrance a été ouverte notamment pour "homicide volontaire commis en bande organisée" et confiée à la police judiciaire du Val-de-Marne. Deux autres suspects, âgés de 15 et 16 ans, ont été arrêtés, a indiqué le parquet de Créteil dans la soirée.
Les cours se sont déroulés normalement lundi au lycée Guillaume Apollinaire, où la police s'est déployée pour sécuriser les lieux. "J'ai vu un groupe d'une demi-douzaine d'individus masqués, habillés en noir, qui marchaient rapidement près du lycée ce matin vers 08h10", a témoigné auprès de l'AFP Lila, 18 ans, une élève de terminale STMG. "Ça arrive souvent les embrouilles entre Thiais et Choisy, ça fait quatre ans que je suis dans ce lycée et chaque année il y a quelque chose comme ça", a-t-elle ajouté.
Selon la lycéenne, "il y a quelques mois il y a déjà eu une bagarre" devant l'établissement, où la sécurité avait été renforcée : "depuis cette année, quand on sort de cours, l'administration et les surveillants nous demandent de partir rapidement et de ne pas traîner devant le lycée".
"Je suis traumatisée, je me mets à la place de cette maman. Elle est partie le matin en disant au revoir à son fils et elle ne le reverra jamais", a commenté Cosette, 47 ans, une mère d'élève venue à midi devant le lycée.
«Rivalités de bandes»
Son fils était ami de la victime : "il pleure à la maison, il est dans tous ses états. Il n'arrive pas à manger". Selon une source policière, les rivalités entre Choisy et Thiais "sont historiques et d'actualité".
Vendredi dernier, la police est intervenue alors qu'une quinzaine de personnes, mais pas les victimes de l'agression de lundi, se rendaient depuis Thiais en direction de Choisy, a appuyé Stéphane Hardouin. Certains étaient porteurs d'un couteau ou d'un marteau. Quatre de ces jeunes ont été présentés à la justice
"C'est un événement dramatique qui choque tout le monde", a réagi le maire LR de Thiais, Richard Dell'Agnola. "On est dans le cadre de rivalité de bandes, de telle ou telle ville, comme cela existe un peu partout en France pour laquelle tous les prétextes sont bons : une rivalité sur fond de drogues, une rivalité amoureuse, des questions de réputation", a affirmé de son côté à l'AFP le maire LR de Choisy-le-Roi, Tonino Panetta, en faisant part d'une "pensée pour les parents des victimes".
Des rixes à Paris et en Ile-de-France ont causé plusieurs décès de jeunes ces dernières années, notamment dans le département voisin de l'Essonne ou dans la capitale. Le gouvernement a lancé en juin 2021 un plan interministériel pour lutter contre ce phénomène.