Le jeudi 4 juillet 2019 à 11:34 - MAJ jeudi 4 juillet 2019 à 11:46
Alexandre Langlois avait été convoqué en conseil de discipline le 20 février dernier suite à des méthodes de communication qui ont fait grincer des dents du côté de la place Beauvau. Le patron du syndicat policier VIGI (0,40% des suffrages lors des dernières élections professionnelles en décembre 2018) a écopé ce mercredi de 12 mois d'exclusion temporaire dont 6 mois avec sursis. Concrètement, le fonctionnaire ne percevra plus aucun salaire et ne pourra plus exercer durant 6 mois. Une sanction rédigée dans un arrêté signé par la directrice adjointe des ressources et des compétences de la Police Nationale.
La hiérarchie policière reproche au syndicaliste d'avoir manqué à plusieurs reprises "à ses devoirs de réserve, de loyauté et d'exemplarité" peut-on lire sur l'arrêté. Selon le récit de la directrice, le syndicaliste a notamment "porté atteinte au crédit et au renom de l'institution".
Des tracts et de lourdes accusations
Le début de l'affaire remonte au 10 janvier 2018 lorsqu'Alexandre Langlois diffuse un tract dont le titre est "Magouilles sur les statistiques de la délinquance dans la police nationale". Dans un photomontage visible sur ce document, le Directeur général de la police nationale (DGPN) Éric Morvan, et le directeur de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône (DDSP) sont reconnaissables, à côté de la mention "Criminels ?". Le syndicat VIGI accusait alors les deux directeurs de falsification, évoquant la politique du chiffre et la distribution de primes au sein de la Police Nationale.
Le mois suivant, un nouveau tract évoquait la responsabilité du DGPN dans les nombreux suicides des policiers. "Complicité de meurtre de fonctionnaires", pouvait-on notamment lire.
Les agissements d'un médecin de la police dénoncés
Alexandre Langlois avait également adressé un courrier à Christophe Castaner lors de son arrivée place Beauvau. Dans sa lettre, le syndicaliste mettait en cause le management du directeur départemental de la sécurité publique du Haut-Rhin, et faisait état des agissements du médecin inspecteur régional, qui a été condamné le 18 juin dernier à un an de prison avec sursis ainsi qu'à une interdiction définitive d'exercer, pour des agressions sexuelles dénoncées par dix jeunes recrues de la Police Nationale.
Christian Frey a été reconnu coupable de 9 agressions sexuelles sur de jeunes policiers, sur les 10 premiers plaignants recensés.
M. Langlois a "manqué aux obligations statutaires et déontologiques qui s'imposent aux fonctionnaires de police"
Lors de son passage en conseil de discipline le 20 février, M. Langlois aurait confirmé "la nécessité d'user le cas échéant de propos 'désobligeants blessants et grossiers' pour servir ses intérêts syndicaux". Pour le ministère de l'Intérieur, Alexandre Langlois "a gravement manqué aux obligations statutaires et déontologiques qui s'imposent aux fonctionnaires de police". "Monsieur Langlois s'est engagé à modifier la ligne éditoriale de son site syndical en supprimant les propos infamants y figurant", est-il également écrit dans cet arrêté.
En outre, le patron du syndicat VIGI a annoncé qu'il se réservait le droit d'attaquer ultérieurement cette décision administrative, au pénal. "Sous couvert d'une action contre mon client, c'est bien son action syndicale qu'on vise ici", a déclaré pour sa part l'avocat d'Alexandre Langlois, Me Rémy Demaret, cité par L'Express.
Une cagnotte en ligne ouverte
Alexandre Langlois a par ailleurs longuement réagi à sa sanction dans une lettre ouverte diffusée sur le site internet de son syndicat, où il a rendu public l'arrêté le visant.
Le fonctionnaire de police a par ailleurs ouvert une cagnotte en ligne. "Pendant 6 mois minimum je ne vais pas avoir de salaire, ce qui va impacter la vie de ma fille 6 ans, de mon fils 2 ans et de ma femme, alors que je suis le seul salaire du foyer. Ma famille n'a pas à pâtir de mon combat", explique-t-il. A la mi-journée ce jeudi, près de 4500 euros avaient déjà été récoltés.