Le samedi 24 mai 2025 à 15:33
Une saisie exceptionnelle de 215 kg de méthamphétamine a été réalisée le 18 juin 2024 sur la commune du Val (Var), selon un communiqué du procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, publié ce samedi. Deux hommes ont été interpellés par les douaniers de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) de Marseille, alors qu’ils venaient de récupérer la marchandise dans un box. Cette opération faisait suite à plusieurs mois d’enquête menée par une cellule dédiée de la Section de recherches de Marseille et le détachement de Fréjus, sous l’égide de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille.
La suite des investigations a permis de remonter jusqu’à un laboratoire clandestin, installé "dans une luxueuse propriété de l’arrière-pays varois", où les forces de l’ordre ont établi que "400 kg de méthamphétamine ont été ainsi produits au printemps 2024". Les produits chimiques servant de matière première avaient été "pour la plupart achetés en Chine", puis acheminés par voie maritime et routière "vers des entreprises du Var, où le réseau disposait de solides relais logistiques".
Le parquet précise que les instigateurs du trafic "espéraient un chiffre d’affaires estimé à plus de 11 millions d’euros à la revente au détail, pour un investissement initial estimé autour de 150 000 euros répartis entre l’achat des produits et les frais de logistique".
Associés à un cartel mexicain
Les deux principaux mis en cause ont été identifiés comme appartenant au "banditisme varois". Ils étaient associés dans ce trafic à un cartel mexicain, "auquel le beau-frère de l’un des deux mis en cause appartenait". Tous deux avaient déjà été impliqués, quelques années auparavant, dans "un vaste trafic de cocaïne dans les Alpes-Maritimes, lié à la mafia italienne", un réseau démantelé à l’époque par les gendarmes de la SR de Marseille et les carabiniers du ROS de Gênes.
L’enquête a également permis de "mettre en évidence des ramifications dans plusieurs pays européens", notamment "des filières d’écoulement impliquant des intermédiaires localisés en Espagne et en Belgique". Certains donneurs d’ordre étaient déjà connus "des agences de coopération européenne et internationale et des services de police et justice français et étrangers". Les transferts de fonds liés à ce trafic étaient facilités par "l’utilisation de cryptomonnaies", un mode opératoire classique des réseaux souhaitant dissimuler leurs circuits financiers.
Quinze nouveaux suspects interpellés lundi
Une opération judiciaire d’ampleur a été déclenchée le 19 mai 2025, mobilisant "190 militaires de la section de recherches de Marseille et du groupement de gendarmerie départementale du Var", avec l’appui de plusieurs unités : celles de Versailles, des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence, de la Dordogne, de la gendarmerie maritime, des transports aériens et du Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) de Cadarache. Au total, "quinze mis en cause ont été interpellés", principalement dans le Var, et leurs domiciles perquisitionnés. En parallèle, "l’une des principales têtes du réseau a été arrêtée en Belgique par la police judiciaire de Liège", "dans le cadre d’une demande d’entraide pénale".
Les perquisitions ont mené à la saisie de "liquidités, de trois véhicules, de produits de maroquinerie de luxe, de nombreux téléphones portables et de matériel électronique utilisé pour détecter les systèmes de surveillance mis en œuvre par les forces de l’ordre", preuve des capacités techniques de l’organisation à tenter d’échapper aux investigations.
La villa ayant hébergé le laboratoire clandestin a également été investie ; les enquêteurs y ont découvert "du matériel abandonné par l’organisation criminelle".
Huit suspects mis en examen
À l’issue des auditions, huit individus ont été présentés aux magistrats instructeurs de la JIRS de Marseille. Ils ont été mis en examen pour "importation, production et trafic international de produits stupéfiants en bande organisée, et différentes formes de blanchiment". Six d’entre eux ont été placés en détention provisoire, deux sous contrôle judiciaire.
Le parquet souligne que "cette enquête aux développements internationaux démontre tout autant les velléités de certaines organisations criminelles d’implanter des laboratoires de production de drogues de synthèse sur le sol français, que celle de la JIRS de Marseille et des enquêteurs de la gendarmerie, de lutter efficacement et avec détermination contre le narcobanditisme". La saisie réalisée dans cette affaire équivaut, à elle seule, "aux saisies annuelles réalisées en France ces dernières années".