Gabin, mort de faim à 22 mois : le médecin de famille condamné à 9 mois de prison avec sursis

Le petit Gabin est mort en 2013 « de dénutrition et de déshydratation aboutissant à une cachexie c’est-à-dire qu’il n’avait que la peau sur les os sans masse graisseuse » a conclu l'autopsie. Ses parents ont été condamnés l'année dernière. Le médecin de famille vient d'écoper de 9 mois de prison avec sursis.
Gabin, mort de faim à 22 mois : le médecin de famille condamné à 9 mois de prison avec sursis
Illustration. (Shutterstock /nhungboon)
Par Actu17
Le jeudi 2 juillet 2020 à 19:51

Le médecin qui suivait régulièrement Gabin, décédé de malnutrition extrême en 2013 à Aubusson (Creuse), vient d'être condamné par le tribunal correctionnel de Guéret à 9 mois de prison avec sursis. Le Docteur Jean-Louis Vaurs a été reconnu coupable de « non-assistance à personne en danger » dans cette affaire, relate France Bleu.

Durant son procès qui s'est tenu le 4 juin dernier, le praticien a affirmé n'avoir « rien vu » avant le décès du nourrisson. Le 7 juin 2013, lorsque Gabin a été admis aux urgences, il ne pesait que 5,825 kg, soit le poids qu'il faisait à trois mois. Le médecin l'avait vu pour la dernière fois six semaines auparavant, le 25 avril 2013. Il pesait alors 8,550 kg.

Les parents ont été condamnés aux assises à 17 ans de prison pour « privation de soins ». À leur procès qui s'est tenu à la mi-novembre 2019, Édouard R., 40 ans, et Céline V., 34 ans, ont tout juste reconnu des manquements. Ils ont fait appel de la décision.

Le docteur était conscient du péril

Pour sa part, le médecin de famille a reçu Gabin en consultation à 7 reprises entre 2012 et 2013. Lors du dernier examen qu'il lui a pratiqué, les courbes de poids et de taille étaient déjà bien en-dessous des normales. Le tribunal a estimé qu'il ne s'est jamais inquiété de sa maigreur. Le praticien n'a pas non plus orienté la famille vers un pédiatre ou un spécialiste, ni signalé son état aux services sociaux.

À la barre du tribunal, le prévenu a reconnu une « erreur d'appréciation ». Au travers de la reconnaissance de culpabilité et de la condamnation prononcée par les magistrats, ces derniers ont estimé qu'il était conscient du péril qui menaçait Gabin.

Outre la peine de prison infligée au médecin de famille, il devra verser 7 000 euros au grand frère de la victime au titre du préjudice moral, et 900 euros à chacun des parents, qui se sont constitués partie civile pour les frais de justice. Le condamné a dix jours pour faire appel de la décision.

Une condamnation « rare » pour l'avocat

L'association l'Enfant Bleu - qui apporte soutien psychologique et juridique aux victimes de violences durant l'enfance - s'est constituée partie civile. Un euro symbolique devra lui être versé par le médecin au titre de préjudice moral. Pour son avocat, cette condamnation qu'il qualifie de « rare » est une très grande satisfaction.

« C’est la première fois dans ma longue carrière que je vois la condamnation d’un médecin pour non-assistance à personne en danger. [...] Donc c’est un signal très fort. C’est un signal très fort à l’adresse de la profession médicale », a-t-il déclaré, ajoutant : « Quand la situation le mérite, il faut que les médecins se rendent compte de leur responsabilité dans la protection de l'enfance».

Le procès en appel des parents de Gabin se déroulera aux assises de Limoges (Haute-Vienne) du 15 au 18 septembre prochain.