Amsterdam : Cinq blessés, 62 interpellations, ce que l’on sait des agressions de supporters israéliens

Des supporters israéliens du Maccabi Tel-Aviv ont été victimes de violentes agressions dans la nuit de jeudi à vendredi à Amsterdam (Pays-Bas), en marge d’un match de Ligue Europa contre l’Ajax. Qualifiant ces attaques d'"antisémites", Israël a envoyé des avions pour rapatrier ses ressortissants.
Amsterdam : Cinq blessés, 62 interpellations, ce que l’on sait des agressions de supporters israéliens
Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des groupes d'individus dans les rues d'Amsterdam et des agressions. (capture écran vidéo / DR)
Par La Rédaction
Le vendredi 8 novembre 2024 à 11:21

Des agressions visant des supporters israéliens du club de football Maccabi Tel-Aviv ont éclaté dans les rues d’Amsterdam (Pays-Bas) dans la nuit de jeudi à vendredi, en marge de la rencontre de Ligue Europa contre l'Ajax Amsterdam, qui s’est soldée par une défaite 5-0 pour le club israélien. Selon la police néerlandaise, 62 personnes ont été arrêtées, tandis que cinq personnes blessées ont été hospitalisées. Ces violences, que les autorités israéliennes dénoncent comme une "attaque antisémite préméditée", ont provoqué une réaction immédiate du gouvernement israélien.

Dans la nuit, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a ordonné "l’envoi immédiat de deux avions de secours pour venir en aide à nos citoyens", selon un communiqué de son bureau, précisant que l’incident était pris "avec la plus grande gravité". Le président israélien Isaac Herzog, horrifié par les images des agressions diffusées en ligne, a dénoncé un "pogrom antisémite", déclarant : "Nous voyons avec horreur les images et les vidéos choquantes que, depuis le 7 octobre, nous espérions ne plus jamais revoir". Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a annoncé une "visite diplomatique urgente" aux Pays-Bas pour coordonner l’évacuation en sécurité des ressortissants israéliens et assurer leur protection face aux risques d’autres agressions.

Violences et vidéos choquantes

Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des scènes de violences particulièrement brutales : des hommes sont pourchassés, mis au sol et frappés sans retenue par des groupes d’individus. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, un homme est entouré par plusieurs assaillants qui lui demandent "d’où il vient" en exigeant ses papiers. "Free Palestine" scande l'un des agresseurs.

Le quotidien israélien Maariv, qui a recueilli des témoignages de supporters israéliens sur place, rapporte que plusieurs victimes ont été poursuivies jusque dans leurs hôtels et ont fait l’objet d’"embuscades planifiées". Selon le journal, des tentatives d’enlèvements auraient eu lieu, en plus d’attaques à l’arme blanche et à la voiture bélier, bien que ces détails n’aient pas été confirmés par la police néerlandaise.

Incident autour d'un drapeau palestinien

Dans un contexte de tensions déjà vives, la police d’Amsterdam a signalé jeudi sur X qu’un drapeau palestinien avait été arraché d’une façade "par des inconnus". Des vidéos tournées dans la soirée montrent un groupe de personnes rassemblées autour d’un bâtiment d’où un individu détache le drapeau palestinien.

Mesures de sécurité renforcées

Face à ces violences, les autorités néerlandaises ont mis en place un dispositif de sécurité renforcé autour des ressortissants israéliens présents dans la capitale. La police a escorté plusieurs groupes de supporters israéliens jusqu’à leurs hôtels pour éviter de nouvelles agressions. Vendredi, le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a dénoncé sur X des "attaques antisémites totalement inacceptables contre des Israéliens", ajoutant s’être entretenu avec Benyamin Netanyahou et s’engageant à "rechercher et poursuivre les auteurs de ces violences".

Malgré les consignes de prudence lancées par les autorités israéliennes, notamment par le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui a exhorté les ressortissants israéliens à "rester dans leurs chambres d’hôtel", les agressions ont suscité une vague d’inquiétude. Ben-Gvir a qualifié les violences de "cruauté inimaginable simplement parce qu’ils étaient juifs et israéliens".

«La France ne recule pas» prévient Bruno Retailleau

Ces violences ont également fait réagir en France, où le président du Crif, Yonathan Arfi, a dénoncé un "lynchage de masse" en évoquant des "agressions systématiques". Il a exprimé sa "colère" face à une situation qu’il considère comme un signe inquiétant de la résurgence d’un "antisémitisme extrêmement violent". Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a, quant à lui, réaffirmé le maintien du match France-Israël de Ligue des Nations prévu jeudi prochain au Stade de France, en dépit des demandes explicites de délocalisation. "La France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme", a-t-il déclaré.

Coordination diplomatique entre Israël et les Pays-Bas

Les autorités israéliennes et néerlandaises ont échangé pour garantir la sécurité et l’évacuation des ressortissants israéliens. Le ministère néerlandais des Affaires étrangères, cité par l’AFP, a confirmé que Caspar Veldkamp, ministre des Affaires étrangères néerlandais, a eu des discussions urgentes avec Gideon Saar pour coordonner le retour des Israéliens présents à Amsterdam. Le ministère a également accepté l’envoi par Israël de deux avions de secours pour faciliter cette opération.

Dans l’après-midi de jeudi, une centaine de supporters israéliens s’étaient rassemblés sous une forte protection policière sur la place du Dam avant de se rendre au stade Johan Cruyff. Un rassemblement propalestinien, initialement prévu aux abords du stade, a été déplacé par la mairie d’Amsterdam pour éviter des confrontations.

Ces incidents surviennent dans un contexte de vives tensions internationales autour des conflits au Moyen-Orient, Israël étant actuellement en guerre contre le Hamas à Gaza et affrontant des tirs transfrontaliers avec le Hezbollah au Liban. Les autorités israéliennes ont averti que la protection des citoyens israéliens et juifs en Europe serait désormais une priorité dans leurs échanges diplomatiques.