L'imam Hassan Iquioussen, visé par un mandat d'arrêt européen, a été interpellé en Belgique

Il était recherché par les autorités françaises depuis le 30 août dernier.
L'imam Hassan Iquioussen, visé par un mandat d'arrêt européen, a été interpellé en Belgique
Hassan Iquioussen, le 12 novembre 2019. (Pierre Rouanet / PhotoPQR / Maxppp)
Par Actu17
Le vendredi 30 septembre 2022 à 21:13 - MAJ samedi 1 octobre 2022 à 17:15

L'imam marocain Hassan Iquioussen, mis en cause en France pour des propos jugés "contraires aux valeurs de la République" et visé par un mandat d'arrêt européen, a été arrêté vendredi près de Mons, en Belgique. "Je peux vous confirmer qu'il a été arrêté ce jour par la police", a déclaré à l'AFP le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne.

Selon une source policière française, il a été interpellé par la police belge "sans incident". Selon une source proche du dossier, il a été écroué dans la soirée à Tournai, ville belge proche de la frontière française.

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé fin juillet l'expulsion de ce prédicateur, fiché S (pour sûreté de l’État) par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) "depuis dix-huit mois", selon lui.

«Un délit»

L'arrêté d'expulsion lui reprochait "un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d'une vision de l'islam contraires aux valeurs de la République".

"Je me réjouis que M. Iquioussen ait été interpellé aujourd'hui par les services belges, que je remercie très sincèrement", a réagi M. Darmanin, en marge de son déplacement à Cayenne en Guyane pour participer aux Assises de la sécurité. "Se soustraire à une décision d'expulsion du territoire national est un délit que le Code pénal condamne", a-t-il ajouté.

Le comité de soutien de M. Iquioussen a de son côté précisé que ses conseils étaient "mobilisés afin d'obtenir sa libération", dans un communiqué publié sur sa page Facebook vendredi soir, en même temps qu'une vidéo du prédicateur tournée avant son arrestation, où il dit avoir "confiance en la justice".

L'homme né en France et de nationalité marocaine a martelé qu'il était "Français (...) dans (sa) tête" et qu'il est parti à l'étranger car on lui "a demandé de quitter (son) pays".

Introuvable depuis le feu vert du Conseil d’État français à son expulsion, fin août, le prédicateur a ensuite fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen délivré par un juge d'instruction de Valenciennes (nord), pour "soustraction à l'exécution d'une décision d'éloignement".

L'imam est depuis au cœur d'un imbroglio juridique. Son avocate, Me Lucie Simon, conteste en particulier la validité du mandat d'arrêt le visant, estimant qu'il se fonde "sur une infraction" qui n'est, selon elle, "pas constituée". "Pourquoi le rechercher ? Pourquoi vouloir le faire revenir ?", s'était-elle interrogée début septembre.

«Coopération judiciaire»

Son nom est réapparu ensuite régulièrement dans la presse et le débat public. Sa chaîne YouTube, où il délivre cours et sermons sur l'islam dans la vie quotidienne (pauvreté, violence, épanouissement dans le couple...), compte 178 000 abonnés.

Né en France, il avait décidé à sa majorité de ne pas opter pour la nationalité française. Lui affirme y avoir renoncé à 17 ans sous l'influence de son père, et avoir ensuite tenté en vain de la recouvrer. Ses cinq enfants et ses 15 petits-enfants sont eux Français et implantés dans le Nord de la France : un fils est imam à Raismes, un autre ex-élu PS à Lourches.

Selon M. Darmanin, "désormais il s'agit d'une coopération judiciaire entre la justice belge et la justice française. A la fin de cette procédure judiciaire, il y aura une procédure administrative. M. Iquioussen sera mis en centre de rétention administrative et sera expulsé vers son pays d'origine", le Maroc.

La procédure de remise à la France de l'imam pourrait prendre plusieurs semaines si l'intéressé s'y oppose.

Entre querelles juridiques et batailles médiatiques, les débats autour de l'imam ont nourri l'actualité française du mois d'août. L'annonce de son expulsion a été suspendue par le tribunal administratif de Paris qui a jugé qu'elle porterait "une atteinte disproportionnée" à sa "vie privée et familiale".

Il avait été éclaboussé par une première polémique en 2004, épinglé pour des propos jugés antisémites dans un discours sur la Palestine. L'intéressé avait reconnu par la suite "des propos déplacés" et présenté ses excuses.