Le mardi 29 mars 2022 à 15:33 - MAJ mardi 29 mars 2022 à 17:26
Le détail est glaçant. Les cinq membres d'une famille française, y compris les deux enfants, ont enjambé le balcon de leur appartement de Montreux, en Suisse, grâce à un petit escabeau avant de se précipiter dans le vide, un à un. L'enquête "permet d’écarter l’intervention d’un tiers et laisse supposer que toutes les victimes ont sauté du balcon les unes après les autres", a rapporté mardi la police du canton de Vaud, cinq jours après le drame qui s'est déroulé dans cette ville cossue des bords du lac Léman.
Sur les cinq membres de la famille, un homme, son épouse et sa sœur jumelle qui vivait avec la famille ainsi qu'une fillette de 8 ans et un adolescent de 15 ans, seul le garçon a survécu. Après une chute de plus 20 mètres du 7e étage de l'immeuble où la famille occupait un grand appartement et vivait "retirée de la société", selon le compte-rendu de la police, le jeune homme se trouve toujours dans le coma, hospitalisé dans un état stable.
Plus un bruit
Les enquêteurs ont pu reconstituer la chronologie des faits, avec d'abord l'arrivée de deux gendarmes devant l'appartement, aux alentours de 06h15 le jeudi 24 mars, pour un problème de scolarisation à domicile de l'adolescent, dans le but d'exécuter un mandat d'amener.
Ils ont frappé à la porte et entendu une voix leur demandant qui était là. Après s'être annoncés, ils n'ont plus entendu de bruit provenant de l'intérieur et sont repartis, la procédure ne justifiant pas une ouverture de force du domicile. Selon les enquêteurs, c'est peu après, aux alentours de 07h00, que "toutes les victimes ont sauté du balcon les unes après les autres", dans un intervalle de cinq minutes.
Les enquêteurs, qui ont trouvé un escabeau sur le balcon d'où ont sauté les membres de cette famille, n'ont pu déceler aucune trace de lutte, ce qui semble conforter la thèse de gestes volontaires. "Avant ou pendant les faits, aucun témoin, y compris les deux gendarmes présents sur place dès 06h15 et les passants se trouvant au bas de l’immeuble, n'a entendu le moindre bruit ou cri en provenance de l'appartement ou du balcon", a souligné la police dans un communiqué.
"Les investigations techniques ne montrent aucun signe avant-coureur d’un tel passage à l'acte", a-t-elle précisé, notant toutefois que "depuis le début de la pandémie, la famille était très intéressée par les thèses complotistes et survivalistes".
Stock de vivres
Elle vivait en quasi-autarcie, retirée de la société. Elle avait constitué un stock impressionnant de vivres en tout genre, très bien organisé, occupant la majeure partie des différentes pièces de l’appartement, devant lui permettre de faire face à une crise majeure, a expliqué la police. Seule la sœur jumelle de la maman travaillait à l’extérieur du domicile, ont précisé les enquêteurs. Ni la maman, ni la fillette n'étaient enregistrées auprès des autorités et cette dernière n'allait pas à l'école. "L’ensemble de ces éléments suggère, chez les membres de cette famille, la crainte d’une immixtion de l'autorité dans leur vie", a souligné la police dans un communiqué.
Selon Le Journal du Dimanche, le père, Éric David, qui a grandi dans un des quartiers les plus cossus de Marseille (sud-est), est un ancien de l'école Polytechnique, l'une des plus prestigieuses écoles de France.
Les deux sœurs jumelles, Nasrine et Narjisse Feraoun, ont grandi au sein d'une fratrie de cinq enfants qui ont tous été scolarisés au prestigieux lycée Henri-IV à Paris, indiquait le journal ce week-end. Il soulignait aussi que les deux femmes - la mère des enfants était dentiste et sa sœur ophtalmologue - sont les petites-filles de l'écrivain algérien Mouloud Feraoun, un proche d'Albert Camus, assassiné par l'OAS, le groupe armé pro Algérie française.