Le jeudi 24 novembre 2022 à 14:28
La cour d'assises de Paris a condamné mercredi à vingt ans de réclusion un médecin français actuellement en fuite et qui était jugé en son absence pour le viol de dizaines de mineurs au Vietnam, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
Âgé de 60 ans, Olivier Larroque, qui devait comparaître libre, ne s'était pas présenté au premier jour de son procès lundi après s'être déjà soustrait à la justice au printemps. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
La cour d'assises, qui a décidé de le juger en son absence et à huis clos, l'a déclaré coupable de viols sur près d'une trentaine d'adolescents déshérités entre 2011 et 2013 à Hanoï, où il était en poste à l'Hôpital français, et condamné à vingt ans de réclusion, ont indiqué une source judiciaire et deux avocats.
«Nos clients ont le sentiment qu'ils ont été enfin entendus»
"Justice a été rendue, incomplète parce que l'accusé n'était pas là mais justice a été rendue après tant d’années d'attente de la part des victimes", a déclaré à l'AFP Me Christopher Mesnooh, qui représentait sept d'entre elles. "Nos clients ont le sentiment qu'ils ont été enfin entendus". La défense, qui avait demandé un renvoi, a déploré auprès de l'AFP "un procès un peu fantoche". "Dès lors qu'il était absent, il a pris la peine maximale. Les choses étaient pliées avant même que les débats commencent", a déclaré Me Camille Lucotte.
S'il est interpellé avant l'expiration du délai de prescription de la peine, fixé à vingt ans, M. Larroque pourra faire opposition au verdict et être rejugé.
C'est un signalement adressé à l'ambassade de France au Vietnam début 2013 qui avait déclenché les investigations. Une association locale y rapportait les accusations portées contre Olivier Larroque par des enfants des rues âgés de 13 à 15 ans. Était jointe une carte mémoire SD dérobée par l'un d'eux et contenant des dizaines de vidéos montrant des relations sexuelles entre de jeunes garçons asiatiques et l'accusé.
Une enquête avait été ouverte en France, conduisant à l'arrestation de M. Larroque en juillet 2013 à Hanoï et à son expulsion vers la France. Devant les enquêteurs, les victimes avaient décrit un même mode opératoire: l'accusé les abordaient, les faisait venir dans un hôtel ou à son domicile et abusait d'eux. M. Larroque avait nié toute contrainte et s'était décrit comme un simple client de prostitués.