Affaire de l'OFAST Marseille : la cheffe de l'office et son adjoint mis en examen

Deux commissaires de l’Office antistupéfiants (OFAST) de Marseille ont été mis en examen dans le cadre d’une enquête sur une livraison surveillée de cocaïne en 2023. L’opération, qui visait à démanteler un trafic depuis la Colombie, aurait permis l’entrée sur le territoire de près de 400 kg de drogue.
Affaire de l'OFAST Marseille : la cheffe de l'office et son adjoint mis en examen
Le logo de l'Office anti-stupéfiants (OFAST). (Ministère de l'Intérieur)
Par Actu17
Le samedi 28 juin 2025 à 12:37 - MAJ samedi 28 juin 2025 à 12:51

Deux commissaires de l’Office antistupéfiants (OFAST) de Marseille, la cheffe de l'office et son adjoint, ont été mis en examen à la suite de leur garde à vue qui avait débuté ce lundi dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ils sont soupçonnés d'être impliqué dans une livraison surveillée de cocaïne qui aurait mal tourné, dans le cadre d’une enquête baptisée "Trident".

Cette affaire remonte à février 2023, lorsqu’un renseignement anonyme avait alerté les services sur une cargaison de drogue transportée dans un container en provenance de la Colombie. Celui-ci, arrivé au port de Marseille (Bouches-du-Rhône), était destiné à la région parisienne. L’opération, pilotée par l’OFAST sous l’égide de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, visait à contrôler l’introduction sur le territoire d’environ 180 à 200 kg de cocaïne. Mais selon les déclarations du parquet de Paris, "il s’est avéré que cette livraison a permis l’entrée sur le territoire de près de 400 kg de cocaïne".

Les investigations, désormais entre les mains de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO), ont révélé, d’après le ministère public, "des échanges entre des policiers et d’autres personnes, portant sur la cession d’au moins 360 kg de cocaïne, en dehors de tout contrôle hiérarchique, et sur la dissimulation des quantités réelles arrivées sur le territoire". Face à ces dérives, l’OFAST de Nanterre s’était désengagée des opérations. Plusieurs acteurs du dossier avaient exprimé leur étonnement quant à la difficulté d’écouler les stupéfiants à Marseille, laissant entendre que les trafiquants avaient eu vent de la surveillance policière.

Placés sous contrôle judiciaire

Les deux commissaires mis en cause ont été mis en examen les mercredi 25 et jeudi 26 juin 2025 pour complicité de faux en écriture publique par une personne dépositaire de l’autorité publique, complicité d’atteinte à l’intimité de la vie privée par captation d’images et de paroles, ainsi que pour violation du secret d’une enquête portant sur la criminalité organisée. La cheffe de l’OFAST Marseille et son adjoint ont a été placés sous contrôle judiciaire avec notamment l’interdiction d’exercer des missions de police judiciaire et de se rendre dans tous les locaux de police des Bouches-du-Rhône.

L’enquête initiale avait été clôturée en janvier 2024 sans qu’aucune interpellation n’ait eu lieu. Ce même mois, l’IGPN avait été saisie en interne de soupçons portant sur les conditions de l’importation. En avril 2024, des perquisitions avaient été menées dans les locaux de l’antenne marseillaise de l’OFAST. En septembre, la JUNALCO avait repris le dossier, après dessaisissement du parquet de Marseille, et confié l’instruction à des juges spécialisés le 27 novembre 2024. Les chefs retenus incluent l’importation de stupéfiants en bande organisée, le blanchiment, la corruption et l’association de malfaiteurs.

Trois autres policiers ont été mis en examen

Cette affaire a déjà conduit à plusieurs mises en examen. Le 13 février 2025, deux personnes identifiées comme des indics avaient été inculpées puis placées en détention provisoire. Le 4 avril, deux policiers de l’antenne marseillaise avaient également été mis en examen et écroués. Enfin, un capitaine de l’OFAST, âgé de 45 ans, a été mis en examen à son tour le 13 juin.