Mort de la gendarme Mélanie Lemée : Yassine El Azizi condamné à 30 ans de réclusion criminelle

Yassine El Azizi a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir percuté mortellement la gendarme Mélanie Lemée lors d'une course-poursuite en juillet 2020 dans le Lot-et-Garonne. Le procès, marqué par les débats sur l’intentionnalité des faits, s’est conclu par un verdict conforme aux réquisitions du parquet.
Mort de la gendarme Mélanie Lemée : Yassine El Azizi condamné à 30 ans de réclusion criminelle
Mélanie Lemée est décédée à l'âge de 25 ans. (DR)
Par Actu17
Le mercredi 25 juin 2025 à 16:07 - MAJ mercredi 25 juin 2025 à 16:18

Le chauffard responsable de la mort de la gendarme Mélanie Lemée en juillet 2020 à Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne) a été condamné mardi 24 juin à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’Agen. Yassine El Azizi, 31 ans, a été reconnu coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur personne dépositaire de l’autorité publique.

Les faits s’étaient produits le 4 juillet 2020. Ce soir-là, le conducteur avait refusé un contrôle routier à une vingtaine de kilomètres du lieu du drame, puis pris la fuite à vive allure. À Port-Sainte-Marie, il avait tenté de forcer un barrage de gendarmerie. Il avait contourné des herses, fait un écart brutal et percuté violemment la gendarme Mélanie Lemée. Cette dernière participait à l’interception du véhicule et venait de lancer les herses sur la chaussée.

Yassine El Azizi conduisait sans permis, sous l'empire de stupéfiants, à plus de 150 km/h, avec 165 grammes de cocaïne dans son véhicule. Selon l’avocat général Pierre Sennes, il avait "une visibilité parfaite" et "aucune action sur la pédale de frein", restant "pied au plancher", ce qui fait de lui "un tueur". Le parquet a également souligné qu’il était en état de récidive en matière de stupéfiants et de délits routiers, ce qui a permis de doubler la peine encourue, normalement fixée à 15 ans de réclusion criminelle.

«Je n'ai jamais voulu tuer personne»

Durant le procès, qui s’est tenu du 16 au 24 juin, l’accusé a reconnu avoir pris "des risques inconsidérés" et "mériter la prison", tout en niant toute volonté de tuer. Dans ses derniers mots avant le délibéré, il a déclaré : "Je n'ai jamais voulu tuer personne. Je ne suis pas un monstre, je reste un être humain et je m'excuse, même si cela n'a aucune valeur."Il a aussi affirmé : "Je vois le camion de gendarmerie, j’ai vu les herses au dernier moment et le collègue de la victime reculer mais elle, je ne l’ai pas vue", expliquant que sa "seule volonté était de fuir".

Le verdict a été rendu après moins de trois heures de délibération. Pour l’avocat général, "leurs regards se sont croisés" et "Yassine El Azizi a pris délibérément l’option de foncer sur la gendarme dans une extrême violence". Les réquisitions ont été pleinement suivies par la cour et le jury populaire.

L'accusé va faire appel

L’un des avocats de l’accusé, Me Édouard Martial, a dénoncé à l'AFP un procès biaisé : "C’est un véritable scandale. C’est un verdict extrêmement lourd, hors-sol. On va en appel". Il a également estimé que "c’était un procès pour la gendarmerie, par la gendarmerie", ajoutant : "Il ne fallait surtout pas décevoir à la fois l’opinion publique et bien évidemment la gendarmerie. Ne pas faire l'effort humain, d'humanité vis-à-vis du verdict, ça me semble être proprement insupportable". Me Victor Moradell-Cassellas, également avocat de la défense, a rappelé que "la course-poursuite, c’est un délit, c’est grave, on est tous d’accord, mais ce n’est pas un crime", arguant que son client "conduisait sans permis, sous l'emprise de stupéfiants, mais sa volonté lorsqu'il commet ce geste, ce n’est pas de percuter Mme Lemée mais bien d’éviter la herse".

La défense considérait que l’affaire relevait d’un homicide involontaire aggravé et non d’une cour d’assises. Leur appel contre l’ordonnance de renvoi avait été rejeté par la chambre de l’instruction, puis par la Cour de cassation.

«Nous continuerons de faire confiance à la justice»

Du côté des proches de la victime, le soulagement a été exprimé à l’issue du procès. "Le verdict est conforme aux réquisitions, c’est-à-dire que les choses étaient suffisamment claires et limpides", a déclaré le père de Mélanie Lemée, Christian Lemée, cité par France 3. Il a aussi ajouté : "Nous aurions aimé que cela s’arrête aujourd’hui. Mais nous continuerons de faire confiance à la justice". La mère de la gendarme, Danielle Letissier, a regretté une prolongation de l’épreuve judiciaire : "Les jurés ont répondu avec ces trente années, mais nous, ça nous replonge dans une année supplémentaire".

À l’été 2020, la mort de Mélanie Lemée, ex-championne de France militaire de judo et jeune sous-officière récemment diplômée de l’examen d’officier de police judiciaire, avait suscité une vive émotion. Le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, avait effectué son premier déplacement sur les lieux, avant de s’incliner devant son cercueil et de lui remettre la Légion d’honneur à titre posthume. Une marche blanche avait réuni 2000 personnes à Aiguillon (Lot-et-Garonne), où la jeune femme travaillait au sein d’une brigade de proximité.