Agression du jeune Yuriy à Paris en 2021 : un possible procès criminel pour 13 adolescents

Le jeune Yuriy, alors âgé de 14 ans, avait été lynché en pleine rue par une dizaine d'agresseurs puis laissé pour mort. Cette agression particulièrement violente, en janvier 2021, avait été filmée par un témoin.
Agression du jeune Yuriy à Paris en 2021 : un possible procès criminel pour 13 adolescents
Yuriy a été sauvagement attaqué par une dizaine d'individus le 15 janvier 2021 à Paris. (capture écran/DR)
Par Actu17 avec AFP
Le vendredi 23 septembre 2022 à 18:46

Guerre des bandes ou provocations 2.0 à l'issue tragique ? Le parquet de Paris demande le procès de 13 adolescents pour l'agression aussi grave que retentissante perpétrée en janvier 2021 contre le jeune Yuriy à Paris.

Selon les réquisitions dont l'AFP a eu connaissance vendredi, le ministère public a demandé lundi le procès devant la cour d'assises des mineurs de Paris de sept mineurs âgés de 16 et 17 ans au moment des faits et de deux majeurs de 18 ans. Le parquet demande également que quatre autres mineurs âgés alors de 14 à 15 ans comparaissent devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.

Dix adolescents sur treize sont visés par les infractions criminelles de "tentative de meurtre" ou "complicité" de celle-ci. La décision finale sur des renvois en procès revient à la juge d'instruction saisie.

Yuriy, collégien qui allait fêter ses 15 ans, né en Ukraine en 2006, avait été roué de coups dans la soirée du 15 janvier 2021 sur la dalle de Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement de la capitale. Muni d'un tournevis dans sa poche, par précaution expliquera-t-il, il avait été conduit à l'hôpital dans un état grave. Son pronostic vital a été engagé pendant dix jours.

Son agression, documentée sur une vidéo, avait été largement attribuée à un règlement de comptes entre bandes rivales sur fond de provocations en ligne. L'agression avait été diffusée en direct et des "snaps" triomphants avaient circulé peu après les faits avec l'un des adolescents souriants, un téléphone (celui de Yuriy, dérobé) ensanglanté ou des légendes telles que "Je lèche son sang" ou "Le taf est fini".

La diffusion sur les réseaux sociaux le 22 janvier d'une vingtaine de secondes d'images de cette agression avait suscité de nombreuses réactions, aussi bien du président Emmanuel Macron que du footballeur Antoine Griezmann. La mairie de Paris, la préfecture de police, le rectorat et le parquet de Paris avaient annoncé un renforcement de leur stratégie anti-rixes.

«Adrénaline»

L'enquête s'est d'abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont encouragés sur la messagerie chiffrée Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l'agression.

Les enquêteurs sont parvenus ensuite, grâce à la vidéosurveillance et des investigations téléphoniques et sur les réseaux sociaux à identifier d'autres protagonistes parmi lesquels Julien (prénom modifié), 18 ans, actuellement en détention provisoire et repéré comme ayant frappé Yuriy de plusieurs coups de marteau dans le visage.

Devant le juge, Julien a reconnu avoir été violent, avoir agi sans but, sans réfléchir, sous "l'adrénaline" parce que son groupe s'était senti en danger, mais nié toute intention homicide. Le parquet a demandé un non-lieu pour un 14e jeune, faute de charges suffisantes.

Certains mis en cause ont fini par exprimer des regrets et reconnaître leurs coups. Aucun des treize garçons, présumés innocents, n'a jamais été condamné par la justice. La grande majorité d'entre eux est décrite comme sans histoire, avec des cadres familiaux soudés et sans antécédent pénal.

Dans ses réquisitions, le parquet évoque le "conflit exacerbé" entre jeunes de Vanves (Haut-de-Seine) et du XVe arrondissement "faisant partie d'un groupe surnommé 'RD4'", lié à Yuriy. Un conflit marqué par une agression sur le demi-frère de l'un des mis en cause au même endroit cinq jours avant celle de Yuriy.

"Le regroupement" le 15 janvier des agresseurs, "préalablement munis de couteaux, marteaux, de répliques d'arme de poing et qui se sont mis en scène en postant des photographies sur les réseaux sociaux, ne peut s'analyser qu'en une volonté de commettre des violences et de se faire vengeance", écrit la cheffe de la section mineurs du parquet de Paris.

Nombre de mis en cause ont concédé qu'ils se sont déplacés sur la dalle pour des représailles, mais sans intention de tuer, à l'agression du 10 janvier. Si Yuriy était alors présent, il n'est pas mis en examen dans l'information judiciaire distincte sur ces faits, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

Ni l'avocat de Yuriy ni l'avocat de Julien n'ont commenté dans l'immédiat.