Agression filmée d'un cycliste : trois ans dont deux avec sursis contre le chauffeur d'un camion-benne

La victime avait laissé sa caméra allumée au moment de l'agression. Elle a été rouée de coups. 30 jours d'incapacité totale de travail (ITT) lui ont été attribués. L'agresseur a écopé d'une peine de trois ans de prison dont deux avec sursis ce jeudi.
Agression filmée d'un cycliste : trois ans dont deux avec sursis contre le chauffeur d'un camion-benne
L'agression a été filmée par la caméra de la victime. (capture écran)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 23 juin 2022 à 10:55 - MAJ jeudi 23 juin 2022 à 22:35

Le chauffeur d'un camion-benne, accusé d'avoir renversé délibérément puis passé à tabac un cycliste en Charente-Maritime, a été condamné jeudi à une peine de trois ans d'emprisonnement dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Saintes. Il a également été condamné à une obligation de soins et à verser à la victime 6715 euros de préjudices ou de provisions de préjudices.

Le tribunal a rendu un jugement conforme aux réquisitions du ministère public contre ce patron d'une entreprise de terrassement, âgé de 50 ans, qui comparaissait pour violences volontaires avec arme par destination. Il était poursuivi pour avoir agressé violemment un cycliste, un quadragénaire auto-entrepreneur en informatique, qui avait actionné la caméra qu'il portait à son blouson et posté ensuite la vidéo sur Internet, devenue virale.

Au cours de l'audience, qui s'est déroulée dans une atmosphère très tendue, le quinquagénaire a nié les faits, soutenant qu'après le choc entre le camion-benne et le cycliste, ce dernier "s'est relevé tout de suite. Il a jeté son vélo et a foncé tête baissée sur nous".

L'homme a également soutenu avoir respecté la vitesse autorisée sur ce chemin communal et respecté les distances de sécurité. Mais les images, rediffusées à l'audience, montrent le chauffeur arriver et dire "je vais te mettre une branlée" avant, avec son fils, de porter plusieurs coups au visage du cycliste.

«Homme fruste»

Son défenseur, Me François Drageon, "embarrassé par les procès emblématiques", a estimé que "vous avez tout ce qu'il faut avec cette vidéo pour condamner mon client ; les violences volontaires, en réunion, mais pas sur l'intention de renverser délibérément le cycliste". "Oui, mon client ment. Il a eu une réaction imbécile. Mon client se défend comme un sot, je plaide pour un homme frustre. Oui, il a besoin de soins", a-t-il ajouté.

La vidéo montrait une route étroite de Charente-Maritime, entre Royan et Sémussac. Lorsque les images débutent, le cycliste a déjà croisé le camion-benne à qui il a fait signe de rouler plus doucement et de se serrer de son côté de la chaussée. En vain, racontera-t-il, puisqu'il est obligé de rouler sur le bas côté herbeux.

Le cycliste reprend sa route, mais entend bientôt un moteur derrière lui. Inquiet, il branche sa caméra. Les images montrent le camion-benne le doubler et le serrer au point de le faire tomber, puis s'arrêter. Le chauffeur et son passager, qui est son fils mineur, descendent du camion, invectivent le cycliste et commencent à le rouer de coups, cassant la caméra.

«Enfin les cyclistes vont être écoutés»

En signe de soutien, une cinquantaine de cyclistes en shorts et maillots colorés s'étaient rassemblés à la mi-journée devant le tribunal de Saintes. "On est là pour faire passer un message", avait lancé au micro Teodoro Bartuccio, président de l'association Mon vélo est une vie, "ce meurtrier, car quand on utilise un camion comme une arme, on est un meurtrier, sera condamné".

Pour M. Bartuccio, ce genre de faits divers "est régulier. (...) Les gens utilisent leur véhicule pour se faire justice", avait auparavant déclaré le militant qui entend se servir de cette affaire pour faire évoluer la loi et les mentalités. "Dans ce procès tout est filmé. C'est un succès pour justifier un acte volontaire", a réagi Michel Benezra, l'avocat de l'association de cyclistes, saisie de l'affaire par la victime alors que le militant associatif s'affirmait "très content. Enfin les cyclistes vont être écoutés".

Le chauffeur comparaissait seul, son fils, moins impliqué, ayant fait l’objet d’une mesure d’alternative aux poursuites devant le délégué du procureur.