Le mercredi 10 juillet 2024 à 14:32
La sœur de Samuel Paty, l'enseignant décapité en octobre 2020 par un terroriste islamiste radicalisé, près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a saisi la justice administrative pour faire reconnaître la responsabilité de l'État dans cet assassinat, a annoncé ce mardi son avocate. "Mickaëlle Paty vient de déposer un recours devant le tribunal administratif de Nice (...) ce mardi 9 juillet 2024", a indiqué dans un communiqué, Me Carine Chaix.
Mickaëlle Paty avait adressé, le 15 mars dernier, un courrier au Premier ministre Gabriel Attal, à la ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet et au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, afin d'obtenir "la reconnaissance officielle de la responsabilité de l'État dans la survenance de l'attentat", avait à l'époque indiqué Me Chaix. Or "aucune réponse n'est parvenue dans le délai (légal) de deux mois, faisant ainsi naître une décision implicite de rejet", indique mardi l'avocate dans son communiqué.
«Pour que l'État en tire les leçons»
"Le recours est déposé pour que soit reconnue la part de responsabilité de l'État, qui n'a ni soutenu ni protégé Samuel Paty afin d'éviter que les menaces de mort contre lui soient mises à exécution. Au fond, ce recours est déposé à la fois pour que justice soit faite pour Samuel Paty et sa famille et, d'autre part, pour que l'État en tire les leçons afin de mieux soutenir le corps enseignant et mieux prévenir les violences au sein des établissements scolaires", peut-on également lire.
Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie de 47 ans, a été décapité en pleine rue, le 16 octobre 2020, par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe de 18 ans d'origine tchétchène radicalisé. Il reprochait à l'enseignant d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Le tueur avait ensuite revendiqué l'attentat sur les réseaux sociaux, affirmant avoir "vengé le prophète". Dix membres de la famille de Samuel Paty ont déposé plainte en avril 2022 contre l'administration, à qui ils reprochent de ne pas avoir protégé le professeur. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour non-assistance à personne en péril et non-empêchement de crime.