Le mardi 19 mars 2024 à 19:58
Mickaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty, l'enseignant assassiné en 2020 par un terroriste à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a décidé d'intenter une action contre l'État français pour faire reconnaître sa responsabilité dans la mort de son frère, révèle Le Figaro.
Samuel Paty avait été ciblé et tué par un islamiste suite à l'utilisation de caricatures de Mahomet dans un cours, ce qui avait déclenché une violente campagne contre lui sur les réseaux sociaux. Mickaëlle Paty qualifie sa démarche comme "symbolique", visant à rendre justice à son frère et à prévenir de futurs drames. Elle souligne : "Ma démarche est nécessaire pour rendre justice à la mémoire de Samuel, mais elle doit permettre aussi d’éviter que de nouveaux drames similaires se reproduisent".
L'avocate de la famille, Me Carine Chaix, a officiellement adressé une requête au gouvernement, demandant à reconnaître cette responsabilité, faute de quoi l'affaire sera portée devant la justice administrative. L'avocate met en évidence l'inaction et les défaillances de l'administration et des services de renseignement face aux menaces croissantes contre Samuel Paty, exacerbées par des accusations mensongères et une sous-estimation de la gravité de la situation.
Un «lent engrenage fatal nourri de menaces de mort contre Samuel Paty»
La famille de Samuel Paty, à travers une plainte séparée, cherche également à établir la responsabilité personnelle de certains fonctionnaires. L'assassinat de Samuel Paty est décrit par sa sœur comme résultant d'un "lent engrenage fatal nourri de menaces de mort contre Samuel Paty et d’appels à venger le prophète, relayés sur les réseaux sociaux".
"Ni la principale du collège, ni le rectorat n’ont opposé de démenti public au mensonge d’une élève qui a mis le feu aux poudres en faisant croire que Samuel Paty aurait discriminé les musulmans, et l'aurait forcée à sortir de son cours - dont elle était pourtant absente", insiste Me Carine Chaix, au Figaro, affirmant que le rectorat et les équipes académiques "au lieu de mettre un terme aux contestations violentes de son cours, ont dépêché un référent laïcité chargé de lui rappeler les règles de laïcité !".
Une somme «symbolique»
Mickaëlle Paty réclame à l’État, en dédommagement, une somme "symbolique", qui sera reversée à des associations promouvant la laïcité à l’école. Une démarche qu'elle a souhaité réaliser à la suite de l'assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras (Pas-de-Calais), en octobre 2023.
Un rapport issu d'une commission d'enquête du Sénat lancée suite à l'assassinat de Samuel Paty a décrit, début mars, une "école de la République en danger", le tout accompagné de 38 recommandations pour faire face à la "solitude des enseignants" face à l’islamisme radical.