Attentat de Magnanville : la perpétuité confirmée pour Mohamed Lamine Aberouz

La cour d’assises spéciale de Paris a confirmé en appel la condamnation à perpétuité de Mohamed Lamine Aberouz pour complicité dans l’assassinat de deux policiers à Magnanville (Yvelines) en 2016. L’accusé, âgé de 31 ans, a toujours nié toute implication directe dans l’attentat.
Attentat de Magnanville : la perpétuité confirmée pour Mohamed Lamine Aberouz
Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne, Jessica Schneider, 36 ans, ont été assassinés le 13 juin 2016 à Magnanville. (DR)
Par Actu17
Le samedi 21 juin 2025 à 17:26

Mohamed Lamine Aberouz a été condamné définitivement en appel, samedi 21 juin, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans pour complicité dans l'assassinat de deux policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines), le 13 juin 2016.

Âgé de 31 ans, Franco-Marocain, Mohamed Lamine Aberouz a été reconnu coupable de complicité d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique, de complicité de séquestration d’un mineur de moins de 15 ans, et d’association de malfaiteurs terroriste. La cour d’assises spéciale de Paris a répondu "oui" à la majorité des 17 questions posées pour établir sa culpabilité. La cour était présidée par Frédérique Aline et composée uniquement de magistrats professionnels.

Les faits remontent au soir du 13 juin 2016. Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée à son domicile sous les yeux de son fils de trois ans. Peu après, son compagnon Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police aux Mureaux, a été poignardé de neuf coups de couteau alors qu’il rentrait chez lui. L’auteur de ces meurtres est Larossi Abballa, présenté comme un ami de l’accusé. Il a été abattu peu après l’attaque par les policiers du RAID, lors de l'assaut.

«Il a agi en jihadiste»

Pour l’avocate générale Naïma Rudloff, "l'accusé était sur les lieux du crime" et il est "un membre à part entière de l’État islamique". Elle a affirmé : "Il a agi en jihadiste", estimant que "le déroulé des faits confirme que cela n'a pu se réaliser qu'en présence d'un deuxième homme". Elle a notamment souligné qu’il aurait fallu "un complice à l’intérieur du domicile pour signaler l’arrivée de Jean-Baptiste Salvaing" et qu’"un homme seul n'aurait pas pu gérer les réactions imprévisibles d’un enfant de trois ans".

Le principal élément à charge est une trace ADN de Mohamed Lamine Aberouz retrouvée sur le repose-poignet droit de l’ordinateur personnel du couple. L’accusation évoque un "ADN de contact primaire", tandis que la défense parle d’un transfert secondaire apporté par l’assassin. Des experts ont été entendus sans pouvoir trancher entre les deux hypothèses. Olivier Pascal, directeur général de l’Institut français des empreintes génétiques, a résumé : "L’ADN n’est pas la reine des preuves mais un élément du puzzle".

Les magistrats de première instance avaient estimé que "l’hypothèse d’un transfert secondaire devait être écartée", soulignant un "dépôt direct de l’ADN sans mélange" de l’accusé sur la scène de crime.

L'accusé a assuré de son innocence

Durant l’audience, Mohamed Lamine Aberouz a maintenu son innocence : "Je vous assure que je n’ai aucune responsabilité dans votre malheur", a-t-il déclaré en regardant la famille des victimes. Il a reconnu avoir fréquenté Larossi Abballa, ajoutant : "Celui qui a mené un jihad, c’est Larossi Abballa. C’était sa volonté funeste. Il ne m’a pas consulté. Je regrette de l’avoir fréquenté et de m’être laissé berner". Il a réitéré sa "condamnation ferme et absolue" de l’attentat.

Ses avocats, Vincent Brengarth et Nino Arnaud, ont annoncé un pourvoi en cassation. "Il n’y avait en réalité aucune marge de manœuvre. C’est en matière antiterroriste le doute qui profite à l’accusation et non à l’accusé. La juridiction a pris la décision d’ajouter un deuxième homme dans un agissement solitaire", ont-ils réagi.