Le vendredi 18 mars 2022 à 12:00
Le maçon qui avait mortellement renversé avec sa camionnette le maire d'une petite commune du Var à l'été 2019, après avoir déversé illégalement des gravats dans la nature, a été condamné vendredi à trois ans de prison dont deux avec sursis. "Vous êtes coupable des faits qui vous sont reprochés, mais c'est un accident, un homicide involontaire avec la circonstance aggravante que vous aviez-vous des traces de produit stupéfiant dans le sang", a insisté la présidente du tribunal correctionnel de Toulon en s'adressant au maçon de 25 ans.
La même peine avait été requise par le parquet à l'encontre du jeune ouvrier, qui a fui vendredi les journalistes, traumatisé par le retentissement médiatique et politique de cette affaire. Le 5 août 2019, en plein après-midi, après une journée de travail sans pause déjeuner, il avait été pris sur le fait par la maire de la commune de Signes, Jean-Mathieu Michel, 76 ans, en train de déverser, avec un apprenti, le chargement de son utilitaire le long d'une départementale.
"Je suis désolé de ce qui s'est passé. C'est affreux"
A la barre, le maçon, qui a toujours dit ne pas savoir qu'il s'agissait du maire, avait expliqué avoir ramassé les gravats dès qu'on le lui avait demandé. Remonté dans le véhicule, il avait ensuite entrepris une marche-arrière pour repartir, ignorant, en raison de l'absence de vitre arrière et de rétroviseur central, que quelqu'un se trouvait derrière son véhicule. Dans cette manœuvre, le maire, alors au téléphone avec la police municipale pour procéder à la verbalisation, était tombé au sol et avait été mortellement écrasé. "Je suis désolé de ce qui s'est passé. C'est affreux", s'était timidement exprimé le maçon à son procès le 11 mars.
Le décès de "Jeannot", maire depuis 1983 de ce petit village provençal, avait suscité l'indignation de nombreux élus. Le président de la République avait promis de veiller "personnellement à ce que face aux incivilités et à la désagrégation (...) du sens de l’État et de la nation, la réponse soit toujours ferme".
Il s'agit d'"un manquement, d'une négligence, mais pas d'une agression volontaire, délibérée", "encore moins (l'agression) d'un maire en raison de ses fonctions", avait estimé dans son réquisitoire le ministère public.
L'avocat de la famille du maire, partie-civile, Me Jean-Claude Guidicelli, avait pour sa part pointé le comportement "égoïste" de l'ouvrier, qui "fatigué", "n'avait pas envie de se faire verbaliser et très envie de partir", le conduisant à effectuer cette brutale marche-arrière. Une indemnité de 15 000 euros a été octroyée au fils de Jean-Michel Mathieu pour préjudice moral.