Le jeudi 16 octobre 2025 à 11:45
Une femme de 89 ans a été retrouvée morte le 12 juillet 2015 dans une résidence pour personnes âgées à La Ferté-Gaucher (77). Dix ans plus tard, un homme né en 1986 a été mis en examen pour "homicide volontaire précédé, accompagné ou suivi de viol" et "viol sur personne vulnérable", après un rapprochement ADN et des aveux en garde à vue.
Selon le communiqué du procureur de la République de Meaux publié ce mercredi soir, le corps sans vie de la nonagénaire a été découvert "aux alentours de 19h15" dans son logement, "situé au rez-de-chaussée", "verrouillé de l’intérieur" avec "une fenêtre [...] entrouverte vers l’intérieur de l’appartement". Les forces de l’ordre n’avaient relevé "ni vol, ni fouille apparente des lieux". L’autopsie a conclu que le décès était la conséquence de "traumatismes thoraciques, abdominaux et cranio-faciaux graves sans lésion d’entrave", d’autres constatations permettant "de présumer la commission de faits de viol". À proximité immédiate du corps, les enquêteurs ont découvert "un gilet présentant diverses traces dont du sang". Les premières investigations ont conduit à situer la commission des faits "durant la soirée du samedi 11 juillet ou la nuit du 11 au 12 juillet".
Le parquet de Meaux a requis, le 17 juillet 2015, l’ouverture d’une information judiciaire "du chef d’homicide volontaire sur personne vulnérable". En avril 2019, la saisine du juge d’instruction a été étendue à la qualification "d’homicide volontaire précédé, accompagné ou suivi de viol". Une commission rogatoire a été confiée à la Section de recherches de Paris. Entre 2015 et 2024, la division atteintes aux personnes, avec l’appui d’unités spécialisées, a multiplié les actes : "enquêtes de voisinage, auditions de témoins, prélèvements ADN" par les techniciens en investigations criminelles (TIC) et les experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), "analyse de la scène de crime par un coordinateur des opérations de criminalistique (COCRIM) de la section d’appui judiciaire (SAJ) de la Région de gendarmerie d’Île-de-France (RGIF)", "élaboration du profil psychologique de l’auteur par le département des sciences du comportement de la division des affaires non élucidées (DSC/DiANE) du service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale (SCRCGN)", "vérification des rapprochements issus du logiciel SALVAC", "exploitations téléphoniques et financières" et "analyse criminelle du dossier (ANACRIM)".
Un premier suspect en 2019
Ces investigations avaient d’abord abouti à l’identification d’un premier suspect, "un homme âgé de 28 ans au moment des faits", qui "avait reconnu les avoir commis avant de se rétracter devant le magistrat instructeur". Mis en examen le 4 avril 2019 et placé en détention provisoire, il a été "remis en liberté en mars 2020" puis placé "sous le statut de témoin assisté en juillet 2025". Les expertises ont "révélé notamment l’absence de son ADN sur la scène de crime".
Un placement en garde à vue à Auxerre
Les analyses génétiques, "réitérées à plusieurs reprises au cours de l’instruction", ont mis en évidence "un ADN masculin sur le gilet présent à proximité du corps de la victime". Le 19 avril 2024, "le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) établissait un rapport de rapprochement positif entre cet ADN et le profil génétique d’un homme né en 1986 en Seine-et-Marne". Cet ADN avait été prélevé "lors d’une garde à vue pour des faits de violence par conjoint, le 22 mars 2024, au commissariat de police d’Auxerre (89)". L’intéressé "n’avait en effet jamais été signalisé auparavant, n’ayant été mis en cause que pour des délits routiers".
Les vérifications menées par les enquêteurs ont établi qu’à l’époque des faits, l’homme "avait vécu chez sa mère dans la commune de La Ferté-Gaucher" et que "l’une de ses arrière-grand-mères avait séjourné dans le même établissement" que celui où les faits ont été commis. Entendue comme témoin, la mère a confirmé "avoir eu l’occasion de rendre visite à sa grand-mère au sein de ce même établissement, en compagnie de son fils alors âgé de 8 à 11 ans environ". Interrogée sur juillet 2015, elle a indiqué que, "peu de temps après cette période, le comportement de son fils avait changé, ce dernier s’enfermant, ne voulant plus sortir, ni même s’alimenter".
De «nombreux coups de poings et de pied»
Le mis en cause a été "interpellé et placé en garde à vue le 13 octobre 2025". Sur ses difficultés avec l’alcool et ses comportements violents, il a admis "avoir causé la mort d’une personne âgée en 2015". Il a déclaré avoir "passé la soirée chez un ami" et avoir "consommé trop d’alcool". Après être sorti, il s’est rendu "à vélo dans le parc de la résidence" où il a vu "une fenêtre ouverte". Après avoir "circulé à pied dans la commune", il est revenu, a "jeté une 'pomme de terre' trouvée sur place contre la fenêtre" puis est "entré dans le logement, 'peut-être pour voir s’il y avait de l’argent'". Selon lui, c’est "le réveil de la victime et l’interpellation verbale de celle-ci qui l’avaient 'fait basculer du mauvais côté'".
Il a précisé avoir porté "de nombreux coups de poing et de pied" à la victime, avant de "l’étouffer à l’aide d’un coussin et d’une couverture", puis avoir "commis des faits de viol à l’aide de la canne de la victime". Selon lui, "ces faits de viol avaient été commis post mortem". Il a expliqué avoir ensuite essayé de nettoyer "son ADN et ses empreintes" avec "un plaid", "essuyant notamment la zone de la fenêtre" touchée, avoir "fait le tour du logement" mais "rien touché", puis avoir quitté les lieux "en prenant soin d’éviter les caméras de vidéosurveillance", emportant "le plaid et la canne" qu’il a "jetés dans la rivière du Grand Morin".
Interrogé sur ses intentions, il a répondu qu’il pensait "depuis plusieurs semaines à 'violer quelqu’un' et qu’il s’agissait 'de [son] objectif à la base'". Il a dit avoir voulu faire "au plus simple" dans "un endroit" qu’il savait "dépourvu de caméras". Il a mis "l’introduction de la canne dans le vagin de la victime" sur le compte d’une "'rage' et de 'l’alcool'". Sur les gestes de dissimulation, il a déclaré "avoir fait les mêmes choses que l’on peut voir dans un film".
Présenté au magistrat instructeur le 15 octobre 2025, l’homme a été "mis en examen des chefs d’homicide volontaire précédé, accompagné ou suivi de viol et viol sur personne vulnérable". Lors de son interrogatoire par le juge, il s’est contenté d’affirmer "être soulagé d’avoir dit la vérité et que la machine soit enclenchée" et a exprimé des "regrets immenses pour la famille". Conformément aux réquisitions du ministère public, il "a été placé en détention provisoire". L’information judiciaire "se poursuit".