Éric G., le policier de Bobigny poursuivi pour homicide volontaire, retrouve la liberté après 16 mois de détention

La cour d'appel de Paris a validé la remise en liberté du policier de Bobigny, Eric G., incarcéré depuis juin 2024 pour la mort d'un squatteur présumé en situation irrégulière, au domicile de sa grand-mère. Le fonctionnaire reste placé sous contrôle judiciaire.
Éric G., le policier de Bobigny poursuivi pour homicide volontaire, retrouve la liberté après 16 mois de détention
Eric G. est âgé de 28 ans.
Par Actu17
Le mardi 4 novembre 2025 à 11:54

Après seize mois passés en détention provisoire, le policier de Bobigny (Seine-Saint-Denis) Éric G. a été remis en liberté ce lundi 3 novembre en début de soirée. Âgé de 26 ans, ce gardien de la paix était incarcéré depuis juin 2024 pour avoir mortellement neutralisé par balle un ressortissant algérien en situation irrégulière, Amar Slimani, au domicile de sa grand-mère. La cour d'appel de Paris a confirmé la décision du juge des libertés et de la détention (JLD), malgré l'appel du parquet qui s'opposait à sa libération.

Le jeune policier, affecté à la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), demeure toutefois sous contrôle judiciaire et assigné à résidence chez des amis, en dehors du département. Son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, a salué cette décision dans un communiqué publié lundi sur Facebook : "Éric est libre !!! Après 16 mois de détention et malgré l’appel du parquet qui voulait à tout prix le maintenir en détention, la cour d’appel de Paris vient de confirmer sa mise en liberté. Ses parent sont partis le chercher".

La détention provisoire du fonctionnaire avait été marquée par six, puis sept selon la défense, refus successifs de mise en liberté. Le parquet de Bobigny avait initialement requis un contrôle judiciaire avant de faire appel de la décision de libération. Depuis le début de l’affaire, Me Liénard dénonce un traitement d’une sévérité exceptionnelle. Dans un précédent communiqué du 28 octobre, il écrivait : "Éric, jeune gardien de la paix affecté dans le 93, est notre client. Il y a 16 mois il a ouvert le feu sur un individu qui le chargeait, armé d’un outil métallique. Placé en détention malgré des réquisitions de contrôle judiciaire du parquet de Bobigny, Éric perd toute énergie vitale depuis 16 mois."L’avocat y dénonçait également "un traitement inédit et terriblement choquant", estimant qu’Éric était "broyé par une justice à la sévérité rare".

Armé d'un outil métallique

Selon la défense, le policier a agi en état de légitime défense le 29 juin 2024. Ce jour-là, vers 06h30, alors qu'il était hors service, il s'était rendu chez sa grand-mère à Bobigny car elle entendait du bruit dans son garage. Eric G. était alors tombé face à Amar Slimani qui squattait manifestement les lieux. Le fonctionnaire a alerté ses collègues au "17", puis a ouvert le feu peu après avec son arme de service, à sept reprises, sur Amar Slimani. Le fonctionnaire affirme avoir été poursuivi et menacé par l'homme, armé d'un outil métallique.

Une version des faits contestée par Me Yassine Bouzrou, avocat des proches d’Amar Slimani, interrogé par Le Figaro. Selon lui, la reconstitution menée fin septembre 2025 a démontré "les nombreux mensonges du policier" et sa version serait "totalement contraire à la vérité". Il affirme par ailleurs que la victime n’était pas un squatteur mais "un travailleur clandestin qui effectuait de menus travaux chez la grand-mère d’Éric G." et que "le caractère raciste des faits ne fait aucun doute".

L’information judiciaire pour "homicide volontaire" se poursuit. Aucune date de procès n’a encore été fixée. Dans son dernier communiqué, Me Liénard conclut : "Ces 16 mois auront été terribles pour ce jeune homme qui sort brisé de cette expérience. Il va falloir qu'il se rétablisse pour faire face aux prochaines échéances, mais c’est en homme libre qu'il les affrontera".