Évreux : Un adolescent de 14 ans poignardé à mort, un mineur de 16 ans mis en examen et écroué

Un adolescent de 16 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire après avoir poignardé mortellement un garçon de 14 ans vendredi soir dans le quartier de la Madeleine à Évreux (Eure). Ce drame, survenu dans un contexte de querelle amoureuse et d'échanges sur les réseaux sociaux, a conduit à l’ouverture d’une information judiciaire pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans.
Évreux : Un adolescent de 14 ans poignardé à mort, un mineur de 16 ans mis en examen et écroué
Illustration. (Victor Joly / Shutterstock)
Par Actu17
Le lundi 13 janvier 2025 à 15:50

Un adolescent de 16 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire pour le meurtre d’un garçon de 14 ans, survenu vendredi soir dans le quartier de la Madeleine à Évreux (Eure). Une querelle amoureuse, alimentée par des échanges sur les réseaux sociaux, serait à l'origine de cette tragédie.

Le procureur de la République d'Évreux, Rémi Coutin, a décrit lors d'une conférence de presse une affaire d'une "banalité terrible". Selon lui, "les réseaux sociaux ont joué un rôle non négligeable dans ce qui s'est passé vendredi soir". Le drame s'est produit vers 21h45, lorsque les policiers ont été alertées qu'un adolescent avait été poignardé. Une patrouille s'est immédiatement rendue sur place et a appris que "la personne qui aurait donné les coups de couteau se trouvait dans un appartement situé à proximité où elle s'était réfugiée après les faits", a précisé le procureur. Le suspect a été interpellé peu après et placé en garde à vue.

D’après les premiers éléments de l’enquête, le mis en cause se promenait avec une amie en sortant du lycée lorsqu’il a croisé la future victime, ancien "petit copain" de la jeune fille. Une altercation a éclaté, marquée par des menaces échangées sur les réseaux sociaux. Peu après, un rendez-vous a été fixé pour "s’expliquer". L’adolescent de 16 ans s’y est rendu, muni d’un couteau de type Opinel, et aurait trouvé sur place un groupe de sept jeunes.

Un coup de couteau au thorax

Lors de l'affrontement, la situation a dégénéré. Selon les déclarations du suspect, il aurait été giflé par la victime avant de porter un coup de couteau au thorax, affirmant qu'il visait le bras. "Il contestait avoir eu l'intention de tuer la victime", a précisé Rémi Coutin. Un fichier audio retrouvé sur Snapchat, où un témoin explique que l'adolescent a réagi après avoir été frappé, corrobore en partie cette version. La victime est décédée rapidement après l'agression. L’autopsie doit être réalisée ce mardi à l’Institut médico-légal de Rouen. Selon le procureur, "on suppose que la lame de l’Opinel, qu’on n’a pas retrouvée, est restée coincée dans le corps de la victime comme cela arrive parfois".

Dimanche, l'adolescent de 16 ans a été présenté au tribunal judiciaire d'Évreux. Une information judiciaire pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans a été ouverte. Le suspect a été mis en examen et écroué dans un établissement pour mineurs. En raison de l'excuse de minorité, il encourt une peine maximale de 15 ans de réclusion criminelle, au lieu de 30 ans.

Des échanges tendus sur les réseaux sociaux avant le drame

Rémi Coutin a également souligné qu'il n'était pas exclu qu'à l'issue de l'instruction, la qualification de meurtre puisse être reconsidérée : "Il pourrait y avoir un débat pour savoir s'il faut maintenir la qualification de meurtre ou requalifier ce qu'on appelle des coups mortels, c'est-à-dire des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Le quartier de la Madeleine a fait l'objet d'une surveillance renforcée dès vendredi soir afin de prévenir tout débordement. "Une surveillance particulière a été mise en place pour éviter que le quartier s’enflamme", a indiqué Olivier Beauchamp, directeur départemental de la police nationale de l'Eure. Par ailleurs, des médiateurs de la ville interviennent dans la zone.

L’enquête, confiée aux policiers d’Évreux, s’efforce d’identifier les autres jeunes présents lors des faits. Malgré l’exploitation des images de vidéoprotection, aucun n’a encore été formellement identifié. Le procureur a regretté l'influence des réseaux sociaux : "On a l'impression que s'il s'était contenté, entre guillemets, de discuter face à face sans se chauffer mutuellement avec ces réseaux sociaux, le drame ne se serait peut-être, voire sans doute pas produit, malheureusement".