Le mardi 11 novembre 2025 à 01:04
À trois jours des commémorations des attentats du 13 novembre 2015, Maëva B., ex-compagne de Salah Abdeslam, a été mise en examen et incarcérée. Elle est soupçonnée d'avoir transmis à son ancien compagnon, détenu à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), une clé USB chargée de propagande djihadiste, et d'avoir participé à un projet d'attentat déjoué. Trois personnes, dont une mineure et son nouvel époux religieux, ont également été mises en cause dans cette enquête antiterroriste ouverte par le parquet national antiterroriste (PNAT), a indiqué une source judiciaire.
Le PNAT a ouvert deux informations judiciaires : l'une sur la clé USB illégalement connectée à l'ordinateur de Salah Abdeslam, l'autre sur un projet d'action violente attribué à Maëva B. Trois personnes, dont cette dernière, ont été mises en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placées en détention provisoire lundi soir.
«L'élaboration d'un projet distinct d'action violente»
Dans un communiqué, le PNAT a indiqué avoir découvert "plusieurs discussions ou recherches relatives à l'élaboration d'un projet distinct d'action violente, sans lien avec Salah Abdeslam", sur "les supports numériques saisis au cours de la perquisition réalisée au domicile de Maëva B.". Selon le parquet, la jeune femme présenterait une "radicalisation certaine et une fascination pour le jihad". Elle "était séparée" d'Abdeslam et "n'entretenait plus de relations depuis avril" avec lui. Elle a également "reconnu avoir acquis une clé USB, l'avoir chargée de propagande djihadiste et fait remettre à Salah Abdeslam au cours d'un parloir".
Le PNAT précise que Maëva B. a été placée en garde à vue pendant six jours, une durée exceptionnelle rendue possible en matière antiterroriste, notamment en cas de péril d'attentat imminent ou pour les nécessités de la coopération internationale.
Les analyses ont révélé "des traces de connexions de quatre clés USB entre décembre 2024 et janvier 2025 sur l'ordinateur légalement détenu par Salah Abdeslam" en détention. Le PNAT a précisé que les fichiers découverts pour "la plupart ont trait à la propagande officielle d'organisations terroristes, État islamique ou Al-Qaïda". L'enquête a conduit "à plusieurs auditions réalisées en Belgique (...) et à l'identification" de Maëva B., "bénéficiant à l'époque des faits d'un permis de visite" de Salah Abdeslam.
S'agissant du volet clé USB, Maëva B. a également été mise en examen pour "recel d'objet illicite remis à détenu" et placée sous contrôle judiciaire.
À la suite de ces découvertes, "une mineure de 17 ans" et "un homme de 20 ans, nouvel époux religieux (de Maëva B.)", ont été interpellés dans l'Hérault et en Isère, puis placés en garde à vue. Présenté devant une juge des libertés et de la détention (JLD), le jeune homme a été incarcéré. Ses avocates, Me Noémie Gorin et Helin Köse, ont déclaré à l'AFP que leur client "conteste intégralement les faits reprochés", estimant que la médiatisation du dossier "porte une atteinte grave à la présomption d'innocence et menace la sérénité des investigations".
Le PNAT a requis la «mise en examen ultérieure» de Salah Abdeslam
Salah Abdeslam a, lui, été placé deux fois en garde à vue puis relâché et réintégré en détention, avant que le PNAT ne requière sa "mise en examen ultérieure". La directrice générale de la sécurité intérieure (DGSI), Céline Berthon, a affirmé lundi à RTL que le détenu, toujours "radicalisé", "n'était pas mis en cause dans un projet d'attentat". Ses avocats ont confirmé qu'il "n'est en aucune manière soupçonné par la justice d'être impliqué de près ou de loin dans un quelconque projet criminel".
La France rendra jeudi un hommage national aux 132 victimes des attentats du 13 novembre 2015, dont deux suicides de rescapés du Bataclan emportés par de profondes blessures psychiques.