Le lundi 6 janvier 2025 à 22:00
L’influenceur algérien connu sous le pseudonyme "Imad Tintin" a été interpellé à Échirolles (Isère) le 3 janvier 2025 et présenté en comparution immédiate ce lundi 6 janvier devant le tribunal correctionnel de Grenoble (Isère). Le trentenaire est poursuivi pour "provocation directe à un acte de terrorisme commise au moyen d’un service de communication au public en ligne".
"À l'audience de comparution immédiate de ce jour, le mis en cause a demandé un délai pour préparer sa défense", a indiqué Eric Vaillant, le procureur de la République de Grenoble. Le tribunal a renvoyé l’affaire au 5 mars prochain et a décidé de placer "Imad Tintin" en détention provisoire jusqu’à cette date. Par ailleurs, un supplément d’informations a été ordonné pour permettre notamment l’audition de "Zazou Youcef", un autre influenceur algérien incarcéré à Brest, ainsi que de Chawki Benzehra, un activiste réfugié en France, dont les signalements ont contribué à ces interpellations.
«Je le jure devant Allah, nous allons tous vous violer»
Surnommé "Le Bledar de luxe" sur TikTok, où il est suivi par plus de 70 000 abonnés, "Imad Tintin" est accusé d’avoir publié une vidéo virale dans laquelle il appelait à "brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne qui s’opposerait au régime algérien". Dans cette séquence, visionnée plus de 800 000 fois avant d’être supprimée, il affirmait : "Si vous bougez, on va vous brûler ! (...) Je le jure devant Allah, nous allons tous vous violer (...) Ici en France on va vous achever. Personne pourra vous défendre en France. Si je vous retrouve, je vous achèverai".
La vidéo avait suscité une vive indignation, notamment de la part du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait dénoncé des propos "ignobles". Ces déclarations avaient été diffusées en soutien à "Zazou Youcef", interpellé quelques jours auparavant à Brest et poursuivi pour des appels à commettre des attentats en France.
Il se décrit comme «un bon père de famille»
Lors de son passage au tribunal, "Imad Tintin" s’est décrit comme "un bon père de famille" et a affirmé que ses propos avaient été "mal interprétés". Il s’est présenté avec son bébé âgé de quinze jours dans les bras et a évoqué sa compagne "chrétienne". Il a également mentionné ses activités professionnelles variées, notamment dans le BTP, dans un fast-food ou sur un marché. La défense a insisté sur le fait que les vidéos incriminées pourraient avoir été sorties de leur contexte, demandant une expertise approfondie du téléphone portable du prévenu.
Le procureur Eric Vaillant a précisé que "Imad Tintin" avait initialement été placé en garde à vue pour "menaces de mort matérialisées par écrit, image ou autre objet, commises en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion", avant que les faits ne soient requalifiés en "provocation directe à un acte de terrorisme". La peine encourue pour ce chef d’accusation est de sept ans de prison et 100 000 euros d’amende.
Visé par une OQTF depuis mai 2023
"Imad Tintin" fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis mai 2023. Il s’agit du troisième influenceur poursuivi en France pour des vidéos appelant à la violence contre les opposants au régime algérien.