Le mercredi 9 avril 2025 à 18:16 - MAJ jeudi 10 avril 2025 à 12:07
Un policier de l’Office antistupéfiants (OFAST) de Marseille (Bouches-du-Rhône), mis en examen pour des faits graves en lien avec une affaire de trafic international de stupéfiants, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire ce mercredi 9 avril à l’issue d’un débat devant le juge des libertés et de la détention (JLD) du tribunal judiciaire de Paris, indique une source judiciaire, confirmant une information de Paris Match.
Ce fonctionnaire de police, âgé de 46 ans et affecté à l’OFAST Marseille depuis septembre 2021, avait été mis en examen le 4 avril de plusieurs chefs : "importation et trafic de stupéfiants en bande organisée", "blanchiment", "association de malfaiteurs", "faux en écriture publique", "atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation", "enregistrement ou transmission de l’image et des paroles d’une personne".
Lors de l’audience, le parquet de Paris avait requis son placement en détention provisoire. Ses avocats, Mes Amar Bouaou et Karim Bouguessa, ont obtenu sa remise en liberté au terme d’une plaidoirie d’environ une heure, précisent nos confrères. Dans l’attente de cette audience, le fonctionnaire avait été incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), après avoir sollicité un débat différé pour préparer sa défense.
Un de ses collègues du même service a également été mis en examen pour les mêmes faits. Il a été placé en détention provisoire à la prison de La Santé à Paris, sans avoir demandé de débat différé. Le parquet avait demandé l’incarcération des deux policiers, notamment pour prévenir tout risque de concertation entre eux.
Au moins 360 kg de cocaïne
Les deux hommes avaient été placés en garde à vue le 31 mars dans les locaux de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), dans le cadre d’une enquête portant sur une opération d’importation de près de 400 kg de cocaïne depuis la Colombie à destination de trafiquants marseillais. Cette opération, initialement sous contrôle judiciaire et policier, visait notamment une équipe implantée dans la cité de La Castellane, dirigée par Mohamed Djeha, dit Mimo, souligne Paris Match.
Selon le parquet de Paris, les investigations ont mis en évidence "des échanges entre des policiers et d’autres personnes, portant sur la cession d’au moins 360 kg de cocaïne, en dehors de tout contrôle hiérarchique, et sur la dissimulation des quantités réelles arrivées sur le territoire" lors de cette livraison surveillée, qui remonte au printemps 2023.
Toujours selon le parquet, "dans le cadre de cette enquête, il avait été convenu de surveiller l’arrivée d’une cargaison de 180 à 200 kg de cocaïne ; or il s’est avéré que cette livraison a permis l’entrée sur le territoire de près de 400 kg de cocaïne". L’OFAST Nanterre s’était alors "désengagé des opérations", face à ces irrégularités. Plusieurs acteurs du dossier s’étaient également "étonnés de la difficulté avec laquelle ces stupéfiants auraient été écoulés à Marseille, laissant entendre que la surveillance policière était éventée".
L’enquête initiale, menée sous supervision judiciaire, a été clôturée en janvier 2024 sans interpellation. Parallèlement, l’IGPN avait été saisie en interne au même moment, sur la base de soupçons concernant les conditions dans lesquelles s’était déroulée l’importation de la drogue.
Enfin, le 13 février 2024, deux hommes identifiés comme des informateurs de l’OFAST Marseille ont été mis en examen pour importation et trafic de stupéfiants, puis placés en détention provisoire.