Main d'un «Gilet jaune» arrachée à Paris : non-lieu requis pour un major de CRS

Le parquet de Paris a requis un non-lieu pour un major de police de la CRS 7 mis en cause pour avoir lancé une grenade GLI-F4, qui a mutilé un manifestant "Gilet jaune" en novembre 2018. Les juges d'instruction doivent maintenant décider si le policier sera renvoyé en procès.
Main d'un «Gilet jaune» arrachée à Paris : non-lieu requis pour un major de CRS
Des CRS à Strasbourg, le 8 décembre 2018. (Illustration / Hadrian / Shutterstock)
Par Actu17
Le jeudi 20 juin 2024 à 12:43

Le parquet de Paris a requis vendredi dernier un non-lieu pour un major de la CRS 7 mis en cause pour un tir d’une grenade dont l’explosion a mutilé un "Gilet jaune" en novembre 2018, durant l'acte 2 du mouvement, d'après une source proche du dossier citée par l'AFP.

Le policier, Jackie D., 53 ans, a été mis en examen en février 2022. Il lui était reproché d’avoir involontairement blessé plusieurs manifestants mais aussi de les avoir mis en danger en lançant une grenade lacrymogène de type GLI-F4, une arme dite intermédiaire régulièrement accusée de causer des mutilations et interdite depuis 2020. Un manifestant, Gabriel Pontonnier, a eu une main arrachée lors de l'explosion de la grenade.

Durant ses auditions, le policier a précisé que la situation était devenue "insurrectionnelle" dans l’après-midi lors de l'"acte 2" des "Gilets jaunes". Vers 18 heures, sur un rond-point en bas des Champs-Elysées (VIIIe), Jackie D. a lancé, en face de lui, une grenade GLI-F4 malgré des "conditions de visibilité (qui) n’étaient pas suffisantes", a-t-il reconnu, à cause des gaz lacrymogènes. Mais selon lui, ce tir était "absolument nécessaire", en "réaction" aux manifestants et à leurs "projectiles".

La justice avait jusque-là estimé que Jackie D. n'avait pas respecté la réglementation en vigueur lors de ce tir notamment car il n'avait pas demandé l'aval d’un superviseur, une mesure impérative qu’il ignorait, avait-il déclaré devant le juge, détaille l'AFP.

«Nécessaire et proportionné»

Dans ses réquisitions, le parquet de Paris a requis vendredi de ne retenir aucune infraction à l'encontre de ce fonctionnaire. Le ministère public a considéré que l'usage de la grenade était "nécessaire et proportionné" pour "préserver les hommes" et l'intégrité physique du major. Un acte qui s'inscrivait dans un cadre légal prévu, selon le parquet, qui a précisé que Gabriel Pontonnier, "bien que prévenu de faire attention à plusieurs reprises, s’est rapproché (de la grenade) pour s’en saisir, s’exposant alors à des blessures très graves". Ce sont désormais les juges d'instruction qui vont décider si Jackie D. est renvoyé en procès.

Les avocats de Gabriel Pontonnier ont estimé, auprès de l'AFP, que "le lancer de la grenade s’est fait en dehors du respect des normes minimales requises et doit nécessairement, au vu des blessures occasionnées, engager la responsabilité de son auteur".